A l’instar de Matam et Kaffrine, la région de Kédougou a reçu le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam. Après une visite des infrastructures scolaires en construction dans la région ce lundi, le ministre a tenu un Comité régional de développement (Crd) au cours duquel il a passé en revue, en partenariat avec les autorités administratives de la région, l’Inspecteur d’académie, les inspecteurs de l’éducation et de la formation, le secteur entre 2012 et 2016. D’importants efforts ont été consentis mais des défis demeurent.
La carte scolaire de la région de Kédougou s’élargit de plus en plus. D’importantes infrastructures scolaires ont été réalisées notamment le Lycée départemental de Kédougou qui trône sur l’axe Kédougou-Saraya et dont l’ouverture est prévue à la prochaine rentrée. D’autres sont en cours de réalisation. Il s’agit de l’école élémentaire Guémédjé, situé à quelque 500 Km de la frontière avec la Guinée, encore sous abris provisoires, de trois autres écoles élémentaires clés en main, du Bloc scientifique et technologique (Bts), entre autres chantiers visités par le ministre et sa délégation. Au total, c’est donc «une enveloppe de 3,289 milliards de francs Cfa investis entre 2012-2016», révèle Bou Fall, Inspecteur d’académie de la région de Kédougou.
Malgré ces efforts consentis pour combler le gap de la région en termes d’infrastructures scolaires, les défis persistent. Les enseignants, les maires des départements de Saraya, de Kédougou et de Salémata ainsi que tous les acteurs de l’éducation présents au cours de ce Comité régional de développement (Crd) ont encore demandé plus de moyens. Plus de moyens pour résorber les abris provisoires. (Ndlr : 25,1% taux d’abris provisoires pour la région). Les acteurs souhaitent un accès à l’électricité et à l’eau dans les écoles. Un enseignant du Lycée Massira Bâ expose la situation de son établissement. Lequel manque de tout, selon lui. «Pas de laboratoire, encore moins l’ombre d’un microscope alors qu’on promeut l’enseignement des sciences», déplore cet enseignant. Un autre maire réclame l’érection des collèges de proximité dans les villages Diakhaba, Mama Bonon, Médina Diakha et Diakha Médina. C’est une nécessité pour maintenir les élèves dans les écoles, même s’il faut tordre les procédures d’érection de collège, estime le maire. Car dans cette partie Est du pays indique l’élu, «les villages sont éloignés les uns des autres. La distance est un motif d’abandon scolaire», souligne-t-il.
Pour la question des classes multigrades, le double flux également est pointé du doigt. «Cela rend l’école peu attractive», indique un intervenant. Il en est de même pour les cantines scolaires qui jouent un rôle important dans le maintien des élèves à l’école. «Certaines écoles n’ont plus de cantines car le Programme alimentaire mondial est en train de se retirer et cela est préoccupant», alerte un maire.
L’épineuse question de la mobilité des enseignants s’est invitée dans les débats. Visiblement agacés par le redéploiement des enseignants, ils ont interpellé le directeur des Ressources humaines au ministère de l’Education nationale, Hibou Ndiaye, sur les critères pour être édifiés sur la question. Hibou Ndiaye reconnaît qu’il y a certes un déficit quelque part dans la région, mais la mutation est un droit et elle doit se faire de manière objective et intelligente.
La région à la traîne au Cfee
La région est à la traîne dans la qualité des enseignements-apprentissages surtout au niveau de l’élémentaire. Le taux de réussite au Cfee de la région est en dessous de la moyenne nationale. La directrice de l’Enseignement élémentaire s’est étonnée de tels résultats. Car, relève-t-elle, la région est appuyée par de nombreux partenaires dont l’Unicef. Elle a suggéré une révision des stratégies mises en place pour booster le taux au Cfee.
Un autre défi auquel la région fait face, c’est la déperdition scolaire. La région de Kédougou est affectée par le phénomène des enfants orpailleurs. D’ailleurs un Programme pilote d’insertion/réinsertion enfants hors d’école a pris en charge 3 mille enfants dans 100 classes dans les régions de Tamba et Kédougou à partir d’octobre 2016.
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