Ce vendredi, le Parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête après les publications de messages racistes à l’encontre de la chanteuse Aya Nakamura.

La Justice se saisit de l’affaire Aya Nakamura. Une enquête a été ouverte par le Parquet de Paris après un signalement de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) dénonçant des publications à caractère raciste visant la chanteuse Aya Nakamura, qui pourrait chanter lors de la cérémonie d’ouverture des Jo de Paris, a indiqué vendredi le Parquet, sollicité par l’Afp. Un groupuscule de l’ultradroite, Les Natifs, avait posté, samedi sur ses réseaux, une photo d’une banderole tendue par une dizaine de ses membres sur les bords de Seine. «Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako !», pouvait-on y lire, en référence aux origines maliennes de l’artiste française. «Y’a pas moyen» renvoie à son hit «Djadja» aux plus de 950 millions de vues sur YouTube. L’artiste a réagi à cette banderole dans un post sur ses réseaux sociaux : «Vous pouvez être racistes, mais pas sourds… C’est ça qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d’Etat numéro 1 en débats, etc., mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal (sic).» L’enquête, ouverte après la réception, le 13 mars, du signalement de la Licra «dénonçant des publications à caractère raciste au préjudice de Aya Nakamura», a été confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (Pnlh), a précisé le Parquet.

Plainte déposée par Sos Racisme
Sos Racisme a également annoncé, ce vendredi, avoir saisir la Justice. «Au regard de la nature raciste de la banderole déployée par le collectif Les Natifs et des vagues de haine qui ont ciblé l’artiste, Sos Racisme saisit la Justice afin qu’elle étudie si les faits d’incitation à la discrimination et de cyberharcèlement à caractère raciste sont constitués et susceptibles d’entraîner des poursuites», peut-on lire dans le communiqué publié par l’association. La chanteuse de 28 ans, sacrée artiste féminine aux Victoires de la Musique, est stigmatisée par l’Extrême-droite et fait l’objet de nombreuses attaques racistes depuis l’annonce, fin février par l’hebdomadaire L’Express, de sa possible participation à la soirée du 26 juillet de lancement des Jeux Olympiques, au cours de laquelle elle pourrait interpréter des chansons de Edith Piaf. Cette participation éventuelle n’a été officialisée à ce jour ni par la chanteuse, ni par les organisateurs des Jeux, ni par l’Elysée. «La séquence que nous venons de vivre est celle d’un racisme crasse envers une artiste ciblée du fait de sa couleur de peau», estime Dominique Sopo, président de Sos Racisme. «Au-delà, cette affaire est le signe d’une inquiétante offensive politique menée de longue haleine», poursuit-il, faisant le parallèle avec les attaques qu’avait subies le rappeur Black M, en 2016, de la part de l’Extrême-droite, à l’annonce de sa venue à Verdun dans le cadre des commémorations du centenaire de la Grande Guerre.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a mis en garde mardi contre les «prétextes pour s’attaquer à quelqu’un par pur racisme». «S’attaquer à une artiste pour ce qu’elle est, est inacceptable, c’est un délit», a-t-elle insisté. Aya Nakamura, un des poids lourds du RnB en France, a sorti l’an passé son 4e disque, «DNK».
Le Parisien