Joal-Fadiouth – Menaces sur la tortue marine : La «Verte» et le «Caretta-Caretta» en voie de disparition

A Joal-Fadiouth, la tortue «verte» et le Caretta-Caretta sont en voie d’extinction, car ils sont tués par les populations pour leur consommation. Le signal d’alerte est lancé… au niveau de l’Aire marine protégée de Joal-Fadiouth, car les conséquences de leur disparition seront terribles pour les populations. Par Alioune Badara CISS –
La disparition de la tortue marine au niveau de Joal-Fadiouth peut être lourde de conséquences pour la sécurité alimentaire de la population de cette commune. En effet, lors d’une conférence pour sensibiliser les habitants sur les menaces de la disparition de cette espèce, le commandant Mapathé Djiba, coordinateur de l’Aire marine protégée de Joal-Fadiouth, les a invités à cesser de tuer ces tortues pour leur consommation. «Parler de tortue, c’est aussi parler des écosystèmes marins et côtiers, mais aussi prévenir les populations pour mieux conserver cet écosystème marin et côtier. Aujourd’hui, parler des mortalités qui sont causées la plupart du temps par les effets anthropiques, cela veut dire que c’est nous les êtres humains qui sont les principaux responsables qui pèsent sur les tortues marines. Donc, allons-y vers les communautés, discutons avec elles pour qu’elles puissent comprendre. Ce projet travaille pour l’amélioration des conditions de vie des tortues», rappelle le commandant Djiba.
La tortue joue un rôle fondamental dans la diversité biologique, mais aussi elle participe à régulariser les écosystèmes des herbiers marins qui se trouvent au niveau des aires marines protégées. «Elle permet de tailler cet herbier et le poisson vient y pondre. Imaginez que ces tortues disparaissent, il n’y aura plus de taille au niveau de cet herbier marin, le poisson ne pourra plus pondre là-bas pour cacher ses œufs. Donc, cela peut entraîner des conséquences néfastes sur la reproduction, mais aussi sur la chaîne alimentaire de la biodiversité. C’est la raison pour laquelle nous travaillons à sensibiliser les populations à sauvegarder les tortues marines au niveau des aires marines protégées», déclare le conservateur de l’Aire marine protégée de Joal-Fadiouth.
Par ailleurs, il a souligné que le choix de Joal-Fadiouth pour abriter ce projet s’explique par le fait que ces tortues existent en abondance dans cette zone. Toutefois, il a également précisé que certes «les populations font des efforts, mais souvent leurs choix sont paradoxaux parce qu’elles consomment les tortues marines. Nous travaillons à ce que les populations ne puissent pas les consommer, parce que la loi au niveau du Sénégal l’interdit formellement». Il ajoute : «Certes la consommation existe, mais nous sommes en train de travailler pour qu’elle diminue. Nous avons sensibilisé surtout les élèves au niveau des écoles, mais aussi les autres couches de la population pour leur inculquer les connaissances de base, surtout voir les causes de cette consommation de tortues par les populations.»
Au niveau du Sénégal, 5 espèces de tortue sont répertoriées, mais au niveau de l’Aire marine protégée de Joal-Fadiouth, seules deux y sont présentes : il s’agit de la tortue verte et du Caretta-Caretta. «Les autres espèces ne sont pas à Joal, elles continuent leur chemin. Elles viennent à Joal parce que c’est une zone d’alimentation. Elles viennent de l’Atlantique, de la Mauritanie, du Cap-Vert et des Etats-Unis pour directement s’alimenter et s’accoupler ici. C’est un phénomène qui est important, donc c’est pour l’alimentation et pour l’accouplement, d’autres vont continuer leur chemin pour aller se reproduire en Guinée-Bissau. Après leur reproduction, elles vont continuer vers l’Afrique du Sud et faire le tour. Une tortue, nous devons la protéger parce que c’est une ressource internationale qu’on partage avec tout le monde. C’est un bien commun et nous devons tous travailler pour l’amélioration des conditions de vie de cette espèce», enchaîne le conservateur de l’Aire marine protégée de Joal-Fadiouth.
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