Le Comité d’initiative pour le mémorial-musée «Le Joola» continue d’exiger le renflouement du bateau, 15 ans après la catastrophe. En prélude à la commémoration de ce triste événement survenu sur les côtes gambiennes le 26 septembre 2002, les familles des victimes ont fait face hier à la presse pour rappeler à l’Etat ses engagements.

Orphelin du naufrage «Le Joola», Alioune Badara Goudia­by est presque un trentenaire épanoui dans la vie mais qui garde de douloureux souvenirs. Il avait 12 ans lorsque le bateau, qui ralliait Ziguinchor-Dakar, a coulé au large des côtes gambiennes le 26 Septembre 2002. Le garçon avait perdu son papa dans la catastrophe, qui a coûté la vie à près de 2 mille personnes de plusieurs nationalités. 15 ans après ce triste événement, l’étudiant en 2ème année de droit à l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) pleure toujours son père à l’image des autres proches des victimes. Les souvenirs sont encore frais dans les mémoires. La plaie toujours béante malgré l’indemnisation de certains parents de disparus. Pour cause, le souhait des familles des victimes de voir l’épave du bateau renflouer est loin d’être satisfait. Depuis des an­nées, cette demande est réitérée à chaque commémoration du drame sans succès. En prélude à la journée commémorative, le Comité d’initiative pour le mémorial-musée «Le Joola», créé en septembre 2007 et qui regroupe l’Association na­tionale des familles des victimes, le Collectif des familles des victimes, la famille Aïdara, l’Asso­ciation française des familles des victimes, a fait face hier à la presse.
Dans une déclaration lue par Alioune Badara Goudiaby, le Comité exprime ses regrets : «L’Etat refuse de comprendre que le renflouement peut aider les familles de victimes à faire leur deuil.» Selon Nassardine Aïdara, coordonnateur dudit comité et ses camarades, «un mémorandum a été remis aux autorités depuis une dizaine d’années. Ce mémorandum précise les devoirs du gouvernement qui devraient être de rendre justice après établissement de la vérité sur les causes du naufrage, de renflouer l’épave du navire, de prendre en charge tous les orphelins sur le plan sanitaire, scolaire et universitaire et d’édifier un mémorial/ musée à la place du souvenir». Et de renchérir : «Il est regrettable de constater qu’aucun de ces points n’est encore entièrement pris en charge par le gouvernement, par faute de volonté politique.» Malgré tout, les proches des disparus continuent d’exiger toute la lumière sur le chavirement du bateau. Dans le même sillage, le Comité d’initiative pour le mémorial-musée «Le Joola» demande des sanctions à l’encontre de toutes les personnes à l’origine du drame quel que soit leur rang.
Lors de la rencontre avec les journalistes, les proches des victimes ont renouvelé une autre demande auprès du gouvernement, qui est de faire du 26 septembre, une «Journée nationale du souvenir» à travers une loi. Cette année, le thème choisi à l’occasion des commémorations durant lesquelles plusieurs activités, sont prévues est : «Le Joola, 15 ans après : amnésie ou banalisation ?» En tout cas, la question mérite d’être posée. Au lendemain du drame, c’est tout un pays attristé, qui avait condamné cet accident maritime causé par la bêtise humaine. Mais curieusement Le Joola n’a pas servi de leçon aux Séné­galais. Chaque jour à Dakar, les transports en commun sont surchargés au vu et au su de tout le monde. Lors des grands événements religieux à l’intérieur du pays, les chauffeurs dépassent la capacité de chargement de leur véhicule souvent sous les yeux des forces de sécurité. Et pourtant le rapport de la Commission officielle d’enquête sur le naufrage évoque entre autres causes, la surcharge de passagers, le surplus de fret, le mauvais plan de chargement. En plus des conditions météorologiques défavorables ce jour-là.
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