L’élaboration de deux guides de prise en charge des pathologies mentales s’inscrit dans «un processus de simplification du traitement des malades mentaux à tous les niveaux de la pyramide sanitaire», a déclaré mardi le Professeur Aïda Sylla, psychiatre et chef de la Division santé mentale. Les guides de prise en charge des pathologies mentales au niveau décentralisé (communautaire, poste de santé, centre de santé et établissement public de santé) ont été lancés ce mardi à Dakar, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale. Madame Sylla a d’emblée relevé qu’il y a une sorte de mutisme pendant le «réfèrement» des personnes souffrant de maladie mentale. «Tous les psychiatres vous diront, lorsque les collègues réfèrent, il n’y a pas un seul mot sur la maladie comme si elle était l’apanage de ceux qui ont été formés spécialement pour le traiter. Après avoir fait ce constat, la Division santé mentale s’est dit que le premier plaidoyer commençait non pas auprès des populations, mais des prestataires de soins», a expliqué le Pr Sylla.
Intervenant lors de la célébration de la Journée mondiale de la santé mentale dont le thème est «Santé mentale sur les lieux de travail», elle a déclaré : «Notre souhait, c’est qu’un malade mental, quelle que soit la structure de santé, puisse être pris en charge». «L’élaboration de ces guides, c’est beaucoup plus un processus de simplification de ce qui se faisait. Avec les travailleurs sociaux, les médecins-chefs de district et les infirmiers chefs de poste pour leur dire voilà comment nous prenons en charge ces malades mentaux. (…) C’est ce travail qui a abouti à l’élaboration de ces guides», a-t-elle poursuivi.
Selon elle, les prestataires assurent qu’ils n’ont besoin que d’instruments pour assurer les traitements. «Notre espoir, c’est que ce qu’on constate aujourd’hui disparaisse. Vous ne verrez jamais quelqu’un se tordre de douleur devant une structure de santé sans que quelqu’un lui apporte de l’aide, alors que vous verrez des malades mentaux pendant plusieurs années habiter à côté d’une structure de santé sans qu’on vienne les secourir, parce que ce n’est pas considéré comme un problème de santé, mais un problème à part», a-t-elle déploré. Revenant sur le thème «Santé mentale sur les lieux de travail», le Pr Aïda Sylla, psychiatre au Centre hospitalier universitaire de Fann, a rappelé que «la pression du travail peut être un facteur de maladie mentale». «Il faut ainsi mieux organiser le travail, respecter les plages de pause et de restauration dans le milieu professionnel.»
Elle a indiqué que les risques de maladie mentale sont le plus souvent liés au travail de nuit, aux postes où les travailleurs ont des problèmes de sécurité et à l’imprécision de la définition des tâches. Les guides de prise en charge des pathologies mentales (niveau communautaire et poste de santé et niveau centre de santé et établissement public) ont été réalisés avec l’appui de la coopération belge à travers le projet Paodes.
Présidant cette 25ème édition de la Journée de la santé mentale, le directeur de Cabinet du ministère de la Santé et de l’action sociale, Alassane Mbengue, souligne que sa célébration «est une manière de sensibiliser dans tout le pays». Selon lui, «ces guides permettront à tous les agents de donner les réponses adéquates aux besoins de santé mentale avant qu’ils aient recours aux structures spécialisées».
Aps