Journée mondiale de lutte contre le tabac : Près de 600 mille fumeurs désirent arrêter

Ils sont 600 mille fumeurs à désirer arrêter la cigarette, selon l’enquête faite par Gats. Une volonté qui rencontre celle du Programme de lutte contre le tabac. En célébrant hier la Journée mondiale sans tabac, ils ont montré leur désir d’avoir un centre de sevrage équipé de salles de consultation en vue d’informer les fumeurs des risques qu’ils encourent et de former les médecins généralistes et les sages-femmes pour combler le gap de tabacologues.Par Justin GOMIS
– A l’instar des autres pays, le Sénégal a célébré hier la Journée mondiale sans tabac. Cette année, l’accent est mis sur l’aide à apporter aux fumeurs qui veulent arrêter. D’ailleurs, c’est en ce sens que l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a choisi le thème «S’engager à arrêter» pour lancer la campagne de lutte contre le tabac pour un an, car dit-on que «dans le monde, 780 millions de personnes ont manifesté leur désir d’arrêter de fumer et c’est seulement 30% d’entre elles qui ont accès aux outils qui peuvent les aider à surmonter leur dépendance physique et mentale au tabac».
L’enquête, menée en 2015 par Gats pour mesurer le tabagisme chez les adultes qui fument au Sénégal, fait état de 6% de fumeurs qui veulent arrêter de fumer, soit 600 mille personnes. Et l’enquête de prévalence du tabagisme chez les jeunes, faite par Gats, situe l’âge d’initiation au Sénégal à 7 ans. Ce qui amène le Dr Mame Mbayang Diome, adjoint au coordonnateur du Programme de lutte contre le tabac, à dire que «les enfants commencent maintenant à fumer dès 7 ans».
Pour aider ces personnes à arrêter de fumer, Baba Gallé Diallo, responsable de la Cellule de communication du Programme national de lutte contre le tabac, pense que le fumeur doit avoir d’abord la volonté d’arrêter. «On entre facilement dans le tabagisme, mais ce n’est pas facile d’en sortir. Si on n’a pas la volonté d’arrêter, on ne peut pas être aidé», dit-il.
D’après les membres du Programme de lutte contre le tabac, l’arrêt du tabac entraîne des efforts bénéfiques immédiats et à long terme. «Vingt minutes à peine après avoir arrêté de fumer, le rythme cardiaque baisse. Dans les 12 heures, le taux de monoxyde de carbone dans le sang revient à un niveau normal. En 2 à 12 semaines, la circulation sanguine s’améliore et la fonction pulmonaire augmente. En 1 à 9 mois, la toux et les difficultés respiratoires diminuent. En 5 à 15 ans, le risque d’accident vasculaire cérébral est réduit à celui d’un non-fumeur. En 10 ans au maximum, le taux de mortalité par cancer du poumon est ramené à la moitié de celui d’un non-fumeur. En 15 ans au maximum, le risque de maladie cardiovasculaire est réduit à celui d’un non-retour», indiquent-ils dans la fiche d’information. Selon toujours Baba Gallé Diallo, le gouvernement, à travers le ministère de la Santé, a pris des mesures en mettant en place un centre de sevrage du tabagisme.
C’est un programme de formation qui est financé par l’Oms qui accompagne le Sénégal dans la formation des médecins et des sages-femmes à cause du manque de tabacologues dans le pays. Le Dr Mame Mbaye Diome dit ne pas connaître cinq tabacologues dans le pays. Au-delà de ce programme, il y a le Comité national de lutte contre le tabac qui regroupe la société civile, les sectoriels, l’ensemble des acteurs des ministères concernés, informe en outre le responsable de la communication.
Fumer n’est pas seulement l’apanage des hommes. Les femmes taquinent aussi la cigarette. Le nombre de jeunes femmes qui fument ne cesse de croître. Mais il faudrait, selon Baba Gallé Diallo, faire une analyse sociologique pour connaître ce goût prononcé à la cigarette chez les femmes. «Il y a 20 ans, les femmes fumaient moins qu’aujourd’hui. Il y a un vent de liberté qui a soufflé et qui a tout emporté sur son passage, y compris les comportements», se désole-t-il.
Même si les fumeurs respectent la loi interdisant de fumer dans les places publiques, le Programme national de lutte contre le tabac n’entend pas baisser les bras dans ce combat. «Nous voulons trouver un financement anti-tabac qui serait financé par une taxe spécifique sur le tabac. Le ministère des Finances nous accompagnera en ce sens (Douane, Dgid). Ce projet, lancé la semaine dernière, va durer un an», informe Dr Mbayang Diome, selon qui «être un ex- fumeur heureux est la meilleure prévention contre la volonté de continuer à fumer».
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