Après le Président Diomaye samedi à la forêt de Mbao, le Premier ministre a lancé officiellement hier la 42ème édition de la Journée nationale de l’arbre dans le cadre de la Campagne nationale de reboisement, dans la forêt classée de Rao, dans le département de Saint-Louis. A cette occasion, Ousmane Sonko a attiré l’attention des Sénégalais sur les nombreuses dégradations que subissent nos forêts et sur l’importance du reboisement.

Il a fait savoir dans ce sens que selon les statistiques du premier rapport portant sur le niveau de référence des forêts, le Sénégal perd chaque année 11 536 hectares de forêts en raison de l’expansion agricole incontrôlée et l’exploitation illégale des ressources. Par ailleurs, pour la Campagne de gestion des feux de brousse 2024-2025, les statistiques des Eaux et forêts, chasse et de la conservation des sols font état de 1 232 889 hectares de terres forestières et pastorales touchées par les feux de brousse. Ce constat appelle, selon le Premier ministre, «de la part de chacun et chacune de nous, une réaction immédiate et audacieuse». «Planter un arbre aujourd’hui, c’est nourrir demain, c’est renforcer notre souveraineté alimentaire, c’est restaurer notre dignité écologique, c’est bâtir un avenir durable et résilient», plaide-t-il.

Accompagné du ministre de l’Environnement, le chef du gouvernement a ainsi planté un baobab et un manguier, arbres parrains de la présente édition. Avant d’inviter les Sénégalais, particulièrement les jeunes, à relever le défi de la reforestation pour accompagner le développement du pays. Il demande aux jeunes de réinvestir leur énergie pour prendre en main les destinées de leur pays dans le combat pour le développement, notamment en plantant des arbres.

Cela permettra, selon lui, non seulement de contribuer à la souveraineté alimentaire, mais aussi de restaurer le climat et reverdir l’essentiel du territoire national à l’image de la Casamance.

Le Premier ministre s’est d’ailleurs dit convaincu que les Sénégalais, s’ils s’engagent, peuvent planter jusqu’à 2 millions d’arbres. Il a en outre fait savoir que l’Etat fera le nécessaire pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés.
Il a rappelé dans ce sens qu’un million de volontaires agricoles ont été déjà formés et seront bientôt déployés dans les zones rurales pour accompagner les producteurs. Il a aussi annoncé le renforcement des moyens logistiques du service des Eaux et forêts qui a déjà présenté son plan de relance devant le chef de l’Etat.

Sur le choix de Rao pour abriter la cérémonie officielle de lancement de la Journée nationale de l’arbre, le Pm a expliqué que ce n’est pas fortuit. «Située au carrefour des communes de Gandon, Mpal, Fass-Ngom et Saint-Louis, à la croisée des dynamiques sahéliennes et côtières, la forêt classée de Rao, qui est intégrée à la réserve de biosphères transfrontalières du delta du fleuve Sénégal, se distingue par sa biodiversité exceptionnelle. Cependant, elle est menacée par l’urbanisation galopante, le surpâturage, la coupe illicite de bois et les effets du changement climatique», argue le Pm. Pour lui, restaurer cette forêt, c’est envoyer un signal fort aux fins d’inverser la tendance à la dégradation du couvert végétal, à l’échelle locale comme nationale. Cette volonté, ajoute-t-il, se reflète également dans le choix des deux arbres parrains, à savoir le manguier, pilier économique de notre terroir et levier de souveraineté alimentaire, et le baobab, arbre sacré, symbole de résilience, de longévité et de paix. «Ces deux espèces emblématiques incarnent notre capacité à allier culture, écologie, sécurité alimentaire et économie dans une dynamique vertueuse», note-t-il.

Evoquant le thème retenu, à savoir «Reboisement, souveraineté alimentaire et développement territorial durable», avec pour slogan «L’arbre, notre assurance-vie», le Premier ministre a expliqué que cela «exprime notre volonté d’intégrer pleinement le climat, la biodiversité, l’économie et la justice sociale dans la gestion de nos terroirs». Il n’a pas manqué, dans le même sillage, de saluer et d’encourager l’engagement de l’ensemble des acteurs impliqués dans l’organisation de cette campagne.

Ousmane Sonko a par ailleurs fait savoir que «la Campagne 2025, par sa conception, son format et son esprit, incarne un tournant stratégique pour notre pays, dans la mesure où reboiser est un acte patriotique qui, en 2025, au Sénégal, se conjuguera au temps de l’innovation, de l’inclusion et de la transformation systémique».

Pour Alpha Mamadou Diop, le thème vient raviver l’engagement collectif de toutes les parties prenantes en faveur de la nature, de la sécurité alimentaire et de la résilience des territoires. L’édile de Gandon, qui a salué les efforts engagés par l’Etat dans la réalisation d’infrastructures stratégiques majeures, a formulé, au nom des populations de Gandon, plusieurs doléances pour libérer pleinement le potentiel de la commune. Il s’agit notamment de la construction d’un centre de santé moderne à Gandon, le bitumage des axes routiers Ngaye-Minguegne, Ngaye-Ndiakhère, Gandon-Ngallèle et Rao-Mérina Sall et, de manière générale, le désenclavement de la commune dont les richesses agricoles, pastorales et économiques demeurent sous-exploitées en raison de l’état de dégradation avancé des pistes rurales.
Par Cheikh NDIONGUE(Correspondant) – cndiongue@lequotidien.sn