Après dix jours dans les geôles, Madiambal Diagne reçoit des soutiens de toute part. On est en 2004 et le fondateur du Groupe Avenir Communication (Gac), emprisonné sous les chefs d’accusation de «diffusion de fausses nouvelles, publication de documents secrets et d’informations pouvant inciter aux troubles politiques graves». Ses confrères sénégalais décident alors de ranger leurs plumes et micros. C’est la première fois de son histoire que le Sénégal se réveille sans information. Le mouvement, très largement suivi, a aussi une répercussion internationale et accentue la pression sur les autorités. Hier, 13 août 2024, 20 ans après, le pays s’est réveillé une nouvelle fois sans journaux, et avec des télévisions et des radios muettes !

Rsf appelle à la concertation
Face au bras de fer engagé entre les médias privés et les nouvelles autorités sénégalaises, Reporters sans frontières (Rsf) réitère ses recommandations en faveur du dialogue et pour des réformes structurelles pour le droit à l’information et la soutenabilité du journalisme et des médias. «La situation des médias au Sénégal est préoccupante. Bien que les difficultés de la presse sénégalaise ne datent pas de l’arrivée des nouvelles autorités, ces dernières ne peuvent rester insensibles à la chape de plomb qui pèse sur le secteur avec notamment 26% de reporters dépourvus de contrats de travail, de lourdes  dettes fiscales et une crise de confiance entre les médias et le public. Rsf appelle les autorités sénégalaises à veiller à ce que cette crise ne prive pas les Sénégalais d’une presse bouillonnante. Les médias sont les canaux de transmission du droit à l’information et les autorités en sont des garants. A ce stade, il est important que l’Etat et les acteurs des médias se concertent pour trouver des solutions bénéfiques pour le secteur et pour la démocratie», plaide le représentant, M. Marong.