«Femmes metteurs en scène», c’est l’un des thèmes du colloque de la 21ème édition des Journées théâtrales de Carthage qui avaient démarré le 7 décembre dernier et qui se sont poursuivies jusqu’au 15 du même mois. La comédienne et metteur en scène Odile Sankara du Burkina Faso, dans son intervention, a tenu à préciser qu’il ne faut pas croire qu’être comédienne signifie forcément qu’on doit devenir metteur en scène. «Pour ce qui me concerne, j’ai pris le temps nécessaire pour réfléchir sur une nouvelle esthétique et une nouvelle démarche scénique», explique-t-elle.
La comédienne ajoutera : «Il y a des enjeux politiques, mais aussi des considérations sociétales dont il faut tenir compte, concernant les comédiens qu’il faut utiliser.» Cela ne l’empêche pas de reconnaître que la souffrance, l’angoisse et des expériences malheureuses vécues peuvent pousser une femme à franchir le pas qui mène vers l’écriture dramatique ou la mise en scène. «Pour mon cas, tient-elle à préciser, je fais la mise en scène pour prendre la parole autrement.»
Odile Sankara, qui reconnaît que les créateurs contemporains burkinabè récoltent en ce moment les fruits de la politique culturelle de Thomas Sankara, indique qu’il y a peu de femmes metteurs en scène au Pays des hommes intègres. «Je suis pionnière dans ce domaine et je sens qu’il y a du respect quant à l’attitude des hommes vis-à-vis de ma personnalité et de ma dignité professionnelle.» Elle a aussi, durant son intervention, souligné les considérations socio-culturelles qui réduisent les capacités de création des femmes. «Je suis mossi et je suis éduquée pour être une femme au foyer, pour supporter et la famille et la société. Cela diminue nos possibilités et réduit nos champs d’intervention», reconnaît celle qui dirige en ce moment la compagnie Kandima et qui a fait ses premiers pas dans la compagnie théâtrale Feeren du regretté dramaturge sénégalo-burkinabè Amadou Bourou.
Correspondance particulière
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