Jugé pour sa dernière évasion : Boy Djiné exonère ses «complices»

Baye Modou Fall alias Boy Djinné, a fait face hier au juge du Tribunal correctionnel de Dakar pour association de malfaiteurs et évasion, alors que Dame Sy, Cheikh Ndiaye, Idrissa Diop, Amath Ndong et Djibril Ciss sont poursuivis pour complicité d’évasion. Boy Djinné risque 2 ans ferme et ses co-prévenus, 6 mois ferme. Le jugement sera rendu le 23 février prochain.Par Justin GOMIS
– Baye Modou Fall, plus connu sous le nom de Boy Djinné, et les gardes pénitentiaires ont été jugés hier au Tribunal correctionnel de Dakar. Poursuivi pour association de malfaiteurs et évasion, Baye Modou Fall n’est pas passé par quatre chemins pour reconnaître les faits qui lui sont reprochés. C’était le 30 mai 2021. Ce jour-là, il est sorti de sa cellule à 1h du matin en passant par la fenêtre d’aération. D’après lui, «un détenu qui ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales, avait scié l’une des grilles». Alors qu’il était en isolement au moment des faits, la chance lui a souri en constatant que la porte centrale de la prison n’était pas non plus fermée. Il nie avoir soudoyé les gardes pour prendre la clé des champs. «Je n’ai rien donné aux gardes. Mais, ils ont failli à leur mission parce qu’ils devaient me voir au moment où je traversais le couloir», assure-t-il.
Après son évasion, il contacte son ami Cheikh Ndiaye par téléphone, qui l’héberge chez lui à Colobane. «Il m’a offert le portable avec lequel j’avais fait ma sortie médiatique, avant de tomber 4 jours plus tard à Missirah», explique-t-il. Bien qu’ayant conforté les déclarations de son ami, il a rejeté en bloc les accusations d’association de malfaiteurs, d’entrave à l’action de la Justice et de complicité qui lui sont reprochés. «Je ne savais même pas qu’il s’était évadé», avance M. Ndiaye. Dame Sy, poursuivi aussi pour complicité, reconnaît avoir reçu Baye Modou Fall et Cheikh Ndiaye à l’hôtel. «J’ai offert à Baye Modou Fall 250 mille francs pour me débarrasser de lui, mais il a refusé de partir. Là, j’ai déboursé 450 mille francs pour lui trouver un appartement. Je voulais retourner en Côte d’Ivoire, car j’avais acheté un billet aller-retour. Mais, Baye Modou m’avait demandé de lui prêter mon véhicule pour se rendre au Mali. Nous sommes partis ensemble avec le défunt Abdou Faye. Selon l’administration pénitentiaire, ce dernier se serait suicidé au Commissariat central après son arrestation», rappelle Dame Sy.
Les gardes pénitentiaires nient en bloc
Poursuivis pour association de malfaiteurs et complicité d’évasion, les gardes pénitentiaires réfutent ces accusations. Idrissa Diop, Amath Ndong et Djibril Ciss étaient dans les bras de Morphée, selon leurs dires, quand Boy Djinné coupait la grille de la fenêtre. «On a constaté sa disparition à 5h du matin, au moment de la ronde. C’est Demba Sow qui m’a avisé», explique Djibril Ciss. Selon lui, la porte de la Maison d’arrêt était bien fermée. «Boy Djinné a escaladé le mur à l’aide d’une corde attachée de l’extérieur à un véhicule. Il détenait le portable par dévers lui avant les faits. Il poursuit. On l’a une fois surpris en train de parler au téléphone lors d’une fouille. Mais, il s’était précipité pour jeter le portable dans les toilettes. On avait même fait un rapport sur cet incident. Mieux, c’était la dixième fois qu’on le surprenait avec des portables», dit-il.
Tous les autres gardes ont abondé dans le même sens : ils ne sont mêlés ni de près ni de loin à l’évasion de Baye Modou Fall. Le Parquet a requis 2 ans ferme contre Baye Modou Fall. Il y a association de malfaiteurs. Cependant, il mettrait hors de cause les gardes pénitentiaires. «Ils n’étaient pas en nombre suffisant pour assurer la sécurité de ce périmètre», explique le ministère public. Il a sollicité la disqualification des faits en négligence à l’encontre de Djibril Ciss, Idrissa Diop et Amath Ndong. Il a requis 6 mois avec sursis. Une peine requise aussi contre Cheikh Ndiaye et Dame Sy pour avoir, dit-il, aidé Baye Modou Fall à trouver un appartement aux Almadies, et deux ans contre Boy Djinné. Me Ousseynou Ngom, avocat de Djibril Ciss, Idrissa Diop et Amath Ndong, rappelle que ses clients ont fait entre 17 et 18 ans de service sans faute. Et le jour des faits, ils se sont acquittés convenablement de leur mission. «Ils ont fait correctement leur travail. Ils sont moins de 10 personnes à surveiller ce quartier de haute sécurité. Les autorités se sont empressées de mettre en place des caméras de surveillance après l’évasion de Boy Djinné», dénonce l’avocat qui a plaidé la relaxe de ses clients.
Le délibéré est prévu le 23 février prochain.
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