Le lutteur Saliou Samb alias Saloum Saloum a été enfin jugé hier devant la Chambre criminelle. Arrêté avec ses coaccusés en 2014 pour les délits d’«association de malfaiteurs, trafic de drogue, offre et cession de drogue et complicité», Saliou Samb alias Saloum Saloum risque 5 ans de travaux forcés. Quant à Emmanuel Shika, il risque 12 ans de travaux forcés. La chance pourrait sourire à Adama Sylla contre qui le Parquet a requis 6 mois de prison ferme. Cependant, le procureur a demandé de leur faire payer solidairement le triple de la valeur de la drogue saisie par devers eux. Il a aussi demandé au juge de décerner un mandat d’arrêt contre Masylla Penda Gaye Sylla, qui a brillé par son absence devant la barre.
Les faits se sont produits en 2014. Les éléments de l’Ocrtis (Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants) avaient reçu une information faisant état d’un intense trafic de drogue entre les quartiers Liberté 6, Grand Yoff et Grand Dakar. Selon leur informateur, le trafic serait animé par un Nigérian qui travaille en étroite collaboration avec le lutteur Saliou Samb et un certain Adama Sylla. Informés ainsi d’une livraison qui devait s’opérer aux alentours de Liberté 6, ils ont mis en filature Adama Sylla qui s’était donné rendez-vous avec Pape Gora Diouf. C’est au cours de cette transaction qu’il a été cueilli par les éléments de l’Ocrtis. La fouille corporelle effectuée sur Adama Sylla a permis de retrouver trois képas qu’il envisageait céder à Pape Gora Diouf.
Soumis à un interrogatoire des policiers, Adama Sylla dénonce Saliou Samb alias Saloum Saloum comme son principal fournisseur. C’est sur ces entrefaites qu’il a été sommé d’entrer en contact avec ce dernier pour passer une autre commande. Arrivé sur les lieux, Saloum Saloum est appréhendé avec 4 képas. Mais pour planter les policiers, il a essayé d’avaler deux képas. Seulement, il n’aura pas le temps d’avaler les deux autres qui ont été trouvés dans sa poche.
Interpellé à son tour, il dit avoir reçu un acompte de 5 millions et qu’il il avait donné la somme de 70 mille francs à Adama Sylla pour l’achat de 5 kg. Cette drogue, poursuit-il, devait être conditionnée en 52 képas pour la vente. Il a aussi confié aux limiers avoir acquis cette drogue auprès de Emmanuel Shika qu’il a connu par l’intermédiaire de Masylla. Et pour arrêter le ressortissant nigérian, les policiers ont demandé à Masylla de passer une commande de 10 grammes auprès de son fournisseur. C’est ainsi qu’ils ont réussi à mettre la main sur Emmanuel Shika.
Saloum Saloum : «Je consomme du yamba mais je n’en vends pas»
Hier devant la barre, le lutteur a montré qu’il n’est pas à son coup d’essai. En fait, il a été révélé qu’il a un autre dossier pour les mêmes faits pendant devant le bureau du juge d’instruction. Et face au juge, Saloum Saloum, qui nie être un trafiquant, confie être un grand consommateur de l’herbe qui tue dont Masylla Penda Gaye Sylla est son principal fournisseur. Il prétend être étranger aux faits en l’espèce qui pourraient porter un sacré coup à sa carrière de lutteur. D’ailleurs, Saloum Saloum pense que c’est le but recherché par Adama Sylla. «Il veut briser ma carrière», accuse-t-il. Avant de poursuivre : «Il était mon supporter. J’avais de bonnes relations avec lui. Mais un jour, il m’a appelé pour me faire part de son arrestation et a sollicité mon aide en me demandant d’intervenir. Ce que j’ai fait, après avoir pris mon repas. Et c’est une fois à Grand-Yoff que les policiers m’ont arrêté. Ils n’avaient rien trouvé par devers moi, à l’exception de la somme de 350 francs. Ainsi, ils m’ont demandé de payer la caution de Adama Sylla qui s’élevait à 500 000 francs.»
Pourtant Adama Sylla, qui n’a pas comparu, avait déclaré devant les enquêteurs n’avoir jamais vendu d’héroïne, mais il mettait toujours en rapport des clients avec Saloum Saloum. Ce que ce dernier a aussi nié avec véhémence.
Emmanuel Shika confirme ses déclarations à la barre. «C’était un samedi 19 novembre 2014. J’étais à Ouest Foire que Masylla m’a appelé vers les coups de 10 h du matin pour avoir de la drogue. Après avoir fixé un rendez-vous, pour venir lui livrer ladite drogue, il continuait ses appels. En revanche, je ne pouvais pas partir, car je regardais le match Liverpool contre Chelsea. C’est après qu’il m’a appelé pour me dire qu’il allait venir. Mais, à ma grande surprise, je me suis rendu compte que c’était un piège», relate-t-il, en rappelant son arrestation.
Des aveux du même genre sont aussi faits par Pape Gora Diouf qui reconnaît être un fumeur de chanvre. Cet employé à l’aéroport dit reconnaître s’être procuré de la drogue auprès de Adama Sylla moyennant la somme de 2 000 francs. «C’est au moment où je le fumais que la police est arrivée», dit-il. Malgré leurs aveux, la défense a tenté de tirer les accusés des mailles de la justice en plaidant l’acquittement. Les accusés seront édifiés sur leur sort le 17 juillet.
justin@lequotidien.sn