Ousmane Sonko n’a pas acquiescé au jugement rendu dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr, durant lequel il s’est signalé par son absence à l’audience. Jugé par contumace, il pourrait à tout moment être arrêté et envoyé en prison. Son sort tient à la volonté du maître des poursuites. Par Malick GAYE –

Ousmane Sonko, condamné à 2 ans de prison pour corruption de la jeunesse dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr, est toujours chez lui à la Cité Keur Gorgui. Une situation qui donne lieu à plusieurs interprétations. En effet, si certains estiment que le juge devrait, dans l’acte de jugement, mentionner le mandat de dépôt, d’autres croient plutôt que l’arrestation devrait intervenir 15 jours après le jugement. Pour ce cas de figure, ce serait alors à partir d’aujourd’hui, étant donné que le délibéré a eu le 1er juin passé.

Mais en réalité, le Code de procédure pénale du Sénégal est clair sur ce problème. En effet, l’article 341 (Loi n°2014-28 du 03/11/14) dit : «Si les accusés sont jugés par contumace, se constituent ou s’ils viennent à être arrêtés avant les délais de prescription, l’arrêt de condamnation est anéanti de plein droit et il est procédé à nouveau dans les formes ordinaires, à moins que le contumax déclare expressément, dans un délai de dix jours, acquiescer à la condamnation.» En d’autres termes, Ousmane Sonko, qui n’a pas acquiescé, et qui a même déclaré ne pas reconnaître le Tribunal et sa Justice, pourrait être arrêté à tout moment et déposé en prison. La seule option qui reste au «Patriote» en chef pour échapper à la peine infâmante est de se constituer prisonnier dans les deux ans, pour que l’arrêt de con­damnation soit anéanti.
En attendant d’avoir la décision des autorités judiciaires sur son incarcération, Ous­mane Sonko se retrouve «sé­questré», disent ses collaborateurs, hauts responsables du parti Pastef. Faut-il le rappeler, «si le contumax est condamné, ses biens, s’ils ne font pas l’objet d’une confiscation, sont placés sous séquestre et le compte de séquestre est rendu à qui il appartiendra après que la condamnation est devenue irrévocable par l’expiration du délai donné pour purger la contumace ou par l’acquiescement du condamné», informe l’article l’article 344 (Loi n°2014-28 du 03/11/14) du Code de procédure pénale. Or, il devrait payer des dommages et intérêts à la dame Adji Sarr dans l’affaire qui les oppose. Tout comme, dans une autre affaire, il devrait verser des dommages et intérêts au ministre Mame Mbaye Niang également.

Bien qu’il ait été interpellé pour pour «troubles à l’ordre public» et depuis lors «mis en résidence surveillée» de fait, la question est de savoir si le maire de Ziguinchor est aujourd’hui en mesure d’exprimer une quelconque volonté quant à l’évolution de son dossier judiciaire, du moment que ses avocats ne peuvent accéder à lui. Une question qui vaut son pesant d’or. Car «le séquestre est maintenu jusqu’au règlement des frais, dépens et dommages et intérêts mis à la charge du condamné», stipule l’Article 351(Loi n°2014-28 du 03/11/14) du Code de procédure pénale.
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