Les avocats de Souleymane Téliko n’ont pas caché leur déception hier, en faisant état de la sanction infligée à leur client par le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature.

Le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature a décidé hier d’infliger un blâme au président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums). Le magistrat Souleymane Téliko se voyait reprocher, entre autres, d’avoir commenté une décision de justice dans les médias, en violation de son devoir de réserve.
Attrait devant le Conseil de discipline du Cms, seule instance habilitée à le juger, le président de l’Ums a pu voir se mobiliser, pour da défense, une véritable armada d’avocats et d’amoureux de la justice, dont de nombreuses organisations dites de la société civile. Et hier, à la barre du Tribunal de ses pairs, c’est une vingtaine d’avocats qui se sont présentés pour défendre sa cause. Peut-être que cela a joué d’une certaine manière, si l’on tient compte du fait que le porte-parole de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly, a reconnu que la peine infligée à leur client était la moins lourde.
Quoi qu’il en soit, parmi les personnes chargées de juger Souleymane Téliko, le juge Ousmane Kane, Premier président de la Cour d’appel de Kaolack, avait préféré se désister. Il avait estimé qu’ayant des divergences personnelles avec le président de l’Union des magistrats sénégalais, organe dont lui-même avait démissionné avec fracas, il n’était pas éthique qu’il siège en tant que juge à son procès. Cette attitude, ont fait remarquer certains observateurs, était à opposer à celle qu’a eue le juge Ousmane Téliko en son temps, quand c’est Ousmane Kane qui a été entendu par le même Conseil de discipline du Cms. Non seulement Téliko ne s’était pas abstenu de siéger, mais en plus il avait contribué à prononcer le verdict de condamnation de son collègue.
Il faut noter que les conseils de Téliko n’ont pas voulu afficher leur satisfaction de voir leur client échapper au pire. Leur porte-parole M. Ly a fait une déclaration devant les journalistes : «C’est la totale déception. Nous avons le sentiment et la conviction que l’autorité judiciaire a manqué le rendez-vous d’affirmer son indépendance, d’affirmer l’autorité de la justice. Le Conseil a retenu le blâme. Sur l’échelle des sanctions, c’est la sanction la plus légère. Elle se situe sur les sanctions de premier degré. Mais c’est le principe même de la sanction qu’il ne fallait pas retenir. C’est dire que nous sommes tous déçus.» L’avocat va étaler encore plus longuement sa frustration et celle de ses collègues devant un verdict qu’ils estiment dicté par le pouvoir exécutif : «Nous sommes déçus par ce qui s’est passé, nous sommes déçus parce que nous croyons en la justice, nous croyons à l’autorité judiciaire, nous croyons à l’indépendance de la justice et la justice avait aujourd’hui la chance d’affirmer son indépendance et son autorité par rapport au pouvoir exécutif, parce que l’autorité de poursuite, c’est le ministre de la Justice. Et le ministère de la Justice ne s’attendait qu’à avoir une sanction de principe. Et c’est ce qu’il ne fallait pas lui accorder. Une sanction plus sévère, elle savait qu’elle ne pouvait l’obtenir.»