Le Sénégal n’est pas surendetté, selon un spécialiste de la Banque mondiale. Cependant, estime Julio Ricardo Loayza, une amélioration des mesures et des réformes pourrait permettre une meilleure gestion des investissements.

Pour l’économiste principal du Bureau du Sénégal pour la Banque mondiale, la dette publique du Sénégal augmente très rapidement même si en 2017, elle a freiné autour de 60 et 61% du Produit intérieur brut (Pib), soit en dessous du seuil normal fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui est de 70%. Julio Ricardo Loayza soutient toute de même qu’il faut se préoccuper de deux choses concernant la dette publique. Il s’agit de voir si elle est payable et si elle est utilisée à bon escient.
Sur les capacités du pays à rembourser sa dette, Julio Ricardo Loayza indique que le pays est dans la catégorie à risque bas de la dette publique. «C’est le seul pays en Afrique de l’Ouest qui a un risque bas de la dette. Cela veut dire que repayer la dette publique pour le Sénégal n’est pas un problème, la dette est soutenable», a soutenu hier M. Loayza, à l’issue du lancement du rapport semestriel Africa’s Pulse de la Banque mondiale, qui analyse l’état des économies africaines. L’écono­miste considère par ailleurs, que la dette n’est pas un problème pour le Sénégal, compte tenu de la santé budgétaire et de la croissance rapide espérée. Aujourd’hui, la dette publique du pays est de 61% du Pib. Cependant, même si elle est gérable, son coût reste assez élevé. En fait, explique Julio Loayza, «pour payer les intérêts de la dette, le gouvernement doit utiliser 10% de ses revenus qui pourraient bien aller dans les hôpitaux ou dans l’Education». Cependant le plus important pour lui, reste la gestion des dépenses de la dette. «Au-delà des capacités de repayer la dette, il est important de voir si la dette est en train d’être bien utilisée», suggère-t-il. Pour le cas du Sénégal, les emprunts sont utilisés non pas pour payer les salaires, mais pour des investissements. Ces derniers sont-ils bien gérés? «Je pense que la réponse est plutôt oui, parce ces projets sont identifiés et sélectionnés dans le cadre du plan Sénégal émergent», a dit M. Loayza, même s’il pense que la gestion des investissements publics pourrait être améliorée à travers des mesures et des réformes.

La croissance rebondit trop lentement en Afrique
La dette est en train de grandir trop rapidement en Afrique, selon le rapport semestriel de la Banque mondiale qui analyse l’état des économies africaines. Ce qui constitue un risque pour la région où la croissance économique rebondit mais trop lentement. Ce rapport paru hier estime que la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait atteindre 3,1% en 2018 et s’établir à 3,6% en moyenne sur 2019-2020. Les prévisions de croissance tablent sur la stabilité des cours des hydrocarbures et de métaux et sur la mise en œuvre dans les pays de la région, des réformes visant à remédier aux déséquilibres macroéconomiques et à stimuler les investissements. Toutefois, le document indique qu’il y a des pays qui vont souffrir de l’augmentation du prix du pétrole et d’autres qui vont en bénéficier, notamment les pays exportateurs comme le Nigeria. «En mars 2018, 18 pays étaient classés comme étant exposés à un risque élevé de surendettement contre 8 en 2013», lit-on dans le document.
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