Poursuivi pour le délit de «diffusion de fausses nouvelles», le journaliste Adama Gaye, qui a comparu hier devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar, a fermement contesté les accusations portées à son encontre. Cependant, il a reconnu ses limites en tant qu’être humain, admettant qu’il peut se tromper, et qu’il n’hésite pas à s’excuser lorsque cela est nécessaire.

Par Ousmane SOW – Le journaliste Adama Gaye a comparu, ce vendredi 29 novembre, devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar, où il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles. Ayant bénéficié d’une liberté provisoire depuis son audience avec le procureur de la République qui a requis une peine de 6 mois avec sursis, ainsi qu’une amende de 500 000 F Cfa, il attend désormais le délibéré de son procès, prévu pour le 6 décembre prochain. Tout a commencé le 20 novembre dernier, lors d’une émission diffusée sur la chaîne Sen Tv. Adama Gaye avait alors déclaré que Mamadou Moustapha Bâ, ancien ministre des Finances et du budget, décédé récemment, avait été assassiné. Il avait ajouté que le procureur chargé de l’enquête devait se pencher sur «les gens de l’ancien régime», suggérant une piste politique pour élucider le décès. Ces affirmations ont suscité un tollé, plaçant le journaliste au centre d’un débat médiatique et judiciaire.

Cependant, il a reconnu ses limites en tant qu’être humain, admettant qu’il peut se tromper, et qu’il n’hésite pas à s’excuser lorsque cela est nécessaire. Lors de son interrogatoire, l’avocat de la défense a demandé à Adama Gaye s’il n’était pas au courant des deux communiqués du procureur concernant l’affaire, et pourquoi il avait jugé bon d’aborder une question aussi sensible dans son émission sur la Sen Tv. Le journaliste a répondu : «Je me serais réservé jusqu’à ce que les choses soient claires, car la question de la mort est très sensible dans la société sénégalaise.»

Il a précisé que bien que ses propos aient été motivés par les déclarations du procureur, cela ne signifiait pas qu’il cherchait à déformer ses paroles. Selon lui, le procureur s’était limité à indiquer que «la mort n’est pas naturelle», sans toutefois remettre en cause la véracité des faits. Pour Adama Gaye, il ne s’agissait en aucun cas de discréditer les institutions. «Toute ma vie a été consacrée à la lutte pour la démocratie à travers le monde, même aux côtés de Mandela pour la lutte contre l’apartheid. Je n’ai jamais été une personne subversive au point de chercher à discréditer les institutions. Bien au contraire, je respecte profondément ces institutions. La preuve en est que je me tiens devant vous aujourd’hui, avec respect et humilité», a-t-il insisté. Concernant ses motivations, le journaliste a expliqué qu’il n’y avait aucune arrière-pensée derrière ses propos, affirmant qu’il avait simplement relayé les informations qui lui avaient été fournies. «Les éléments que j’ai partagés reposaient sur des pistes qui m’ont été données et qui se sont progressivement accumulées, me conduisant à penser qu’il y avait anguille sous roche. Est-ce que j’ai fait autre chose de plus grave pour la manifestation de la vérité ?», a-t-il demandé. Tout en reconnaissant ses imperfections, Adama Gaye a admis un manque de précaution dans ses propos. «Cela fait 45 ans que j’exerce ce métier, sans jamais avoir été condamné. La leçon à retenir ici, c’est que j’aurais dû faire preuve de plus de prudence. Je bats ma coulpe et je reconnais avoir failli», a-t-il déclaré, soulignant qu’il acceptait la leçon et ne reculait pas devant l’amende honorable lorsque nécessaire.