JUSTICE – Affaire Assane Diouf, rapatrié des Etats-Unis : Les avocats de l’ex-insulteur public réclament l’ouverture de son procès

Les avocats du prévenu Assane Diouf réclament l’ouverture de son procès. En conférence de presse hier, Mes Ciré Clédor Ly et El Hadji Diouf ont tenu pour responsable le procureur de la République par rapport à la situation que vit leur client.
Par Mamadou SAKINE
Les avocats de Assane Diouf, ex-insulteur public et rapatrié des Etats-Unis, demandent l’ouverture de son procès. Considérant sa détention «arbitraire», ils accusent l’Etat du Sénégal d’être l’instigateur de «violations» de son droit. D’après eux, le Procureur général, Lansana Diabé Siby, le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, l’inspection générale des Cours et Tribunaux ont été informés de sa situation sans suite.
Aujourd’hui, Me Ciré Clédor Ly et Cie se tournent vers la presse pour alerter l’opinion sur la situation de leur client. Hier, en conférence de presse, les conseillers du prévenu n’ont pas raté Serigne Bassirou Guèye, procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar. «Renvoyé depuis le 16 avril 2018, Assane Diouf attend depuis près de 6 mois en prison pour être jugé et cela, à cause de l’arbitraire d’un procureur de la République qui viole allégrement la loi, avec une arrogance bureaucratique qui sape l’Etat de droit», a dénoncé Me Ly. Et d’ajouter : «L’article 174 du Code de procédure pénale fixe une date impérative au procureur de la République pour l’enrôlement des dossiers renvoyés devant une juridiction de jugement par un juge d’instruction ou par une Chambre d’accusation. Il s’agit de 2 mois à compter de la date de l’ordonnance décidant que l’inculpé devra être jugé.»
Par ailleurs, Me Ciré Clédor Ly a confirmé que son client avait contracté une fracture à la jambe, occasionnée par «des gardes pénitentiaires». Il avait été abandonné, dit-il, à son sort durant 33 jours avant que ne commence son traitement. Il a informé également que le mis en cause est dans une cellule isolée dans laquelle «il frise la folie, sous prétexte de protection de sa personne». Son confrère, Me El Hadji Diouf, est catégorique. Selon lui, dans ce dossier, on ne peut rien lui reprocher. Il estime que Assane Diouf sera relaxé purement et simplement devant la juridiction de jugement. C’est pourquoi, soutient-il, l’Etat le prend en otage. Ni à la police ni devant le juge d’instruction, poursuit-il, «je n’ai vu jusqu’à présent aucune plainte déposée contre lui. Un dossier où il n’y a aucune partie civile, aucun plaignant. Tout a été clair. Et Assane (Diouf) a toujours assumé ses responsabilités et ses propos parce qu’il n’a commis aucun délit. Il n’a insulté personne dans ce dossier».
Il faut comprendre que le prévenu est poursuivi par le Parquet pour le délit de diffusion de fausses nouvelles et outrage à un ministère de culte. Il lui est reproché d’avoir tenu des propos «désobligeants» à l’encontre du porte-parole du khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké. «Il y a d’abord un mensonge d’Etat. Par méchanceté, hypocrisie, l’Etat du Sénégal a menti aux Américains pour obtenir le rapatriement de son fils. Tout a démarré par ce mensonge parce qu’on l’avait présenté comme un terroriste. On a tout fait pour liquider Assane Diouf», a déclaré Me El Hadji Diouf. La cause du détenu, Cheikh Mbacké Gadiaga, inculpé pour diffamation, a été aussi défendue. Les avocats réclament la tenue de son procès.
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