Justice – Biens mal acquis au Gabon : 4 enfants de Omar Bongo mis en examen en France

Grâce, Betty, Arthur et Hermine Bongo, tous des enfants de l’ex-Président Gabonais, Omar Bongo, sont mis en examen en France dans l’affaire des biens mal acquis au Gabon. Ils sont accusés d’avoir acquis un parc immobilier durant les dernières décennies, qui s’élèverait à environ 85 millions d’euros.Par Aliou DIALLO
– Quatre enfants de l’ex-Président Gabonais, Omar Bongo, ont été mis en examen en France, dans l’affaire dite des biens mal acquis au Gabon. Il s’agit des nommés Grâce, Betty, Arthur et Hermine Bongo, qui sont aujourd’hui tous quinquagénaires. La Justice française les accuse des délits de «recel de détournement de fonds publics, de corruption active et passive et d’abus de biens sociaux». En effet, il leur est reproché d’avoir bénéficié d’un important patrimoine acquis frauduleusement par Omar Bongo en son temps, en France. Ce parc immobilier acquis durant les dernières décennies, s’élèverait à environ 85 millions d’euros, selon Rfi. La même source indique que d’après le Parquet national financier, ces enfants savaient que l’origine des fonds était frauduleuse.
Dans son ordonnance rendue le 7 février, dans laquelle il rejette la constitution de partie civile de l’Etat du Gabon, le juge Dominique Blanc estime que les héritiers de Oumar Bongo ne pouvaient ignorer l’origine «frauduleuse» du patrimoine dont ils ont bénéficié. Selon le magistrat français, ce patrimoine est largement issu «des commissions versées par la société pétrolière Elf». Et d’ajouter : «Les avocats de Libreville n’ont fourni aucun écrit ni aucune pièce justifiant d’un préjudice en relation directe avec les infractions», et que «les faits […] n’ont pu être ignorés de l’Etat gabonais dont plusieurs des membres, au plus haut niveau, apparaissent et/ou sont impliqués dans la procédure».
Pour sa part, l’avocat de Grace Bongo, Me Elise Arfi, qui «conteste ces accusations», se dit aujourd’hui «profondément indignée». Selon elle, sa cliente est «totalement de bonne foi» et ne connaissait pas la provenance de l’argent. Me Elise Arfi s’interroge sur cette mise en examen qui survient 25 ans après des acquisitions immobilières «parfaitement légales», dit-elle, avec «des vendeurs qui ont perçu l’argent de la vente et des taxes qui ont toujours été payées». «Tout est fait de manière régulière», déclare l’avocate. Cette dernière annonce un recours avec le dépôt, prochainement, d’une requête en nullité de la mise en examen. Elle apprend que la Justice française souhaite finalement saisir tous ces biens, ce qui porterait atteinte au principe de sécurité juridique qui protège contre les effets négatifs de la loi, ainsi qu’au droit à la propriété, estime-t-elle.
Avocat de Transparency international, Me William Bourdon laisse entendre que ne pas savoir que les fonds étaient frauduleux constitue «une fantaisie, une douce blague mise en échec par un dossier accablant», dit-il. Il s’attend à une multiplication des procédures pour «retarder, suffoquer, paralyser» le dossier, tout en espérant un procès d’ici 2023-2024. Il attend aussi la mise en cause d’intermédiaires, banques, notaires, avocats, qui ont aidé les Bongo dans leur fraude présumée.