JUSTICE – Détention «arbitraire» de l’activiste de France dégage : Les avocats de Guy Marius Sagna demandent une remise en liberté d’office
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L’emprisonnement de l’activiste Guy Marius Sagna a provoqué la colère des défenseurs des droits de l’Homme. En conférence de presse hier, des membres des organisations de la société civile et les avocats de M. Sagna ont dénoncé une arrestation arbitraire. Ils informent avoir introduit une demande de remise en liberté d’office pour leur client.
Les organisations de défense des droits de l’Homme et les avocats de Guy Marius Sagna sont déterminés à mener le combat pour sa libération. En conférence de presse hier, ses avocats ont annoncé avoir déposé une demande de remise en liberté d’office. Les défenseurs des droits de l’Homme et ses conseils sont convaincus que l’activiste fait l’objet d’une détention arbitraire parce qu’il est une figure de la contestation. Face à la presse, Me Moussa Sarr, qui a assisté M. Sagna depuis les premières heures de son arrestation, est revenu sur la procédure ayant abouti à son placement sous mandat de dépôt vendredi dernier. Au début, renseigne Me Sarr, les interrogations portaient sur deux «posts» qu’il avait faits sur la mauvaise qualité des structures sanitaires au Sénégal. Selon Me Sarr, aucune infraction ne lui a été notifiée concernant ce sujet. C’est par la suite, contre toute attente, qu’on lui a sorti un «post» fait par le mouvement Frapp-France dégage auquel il appartient. Une situation que l’avocat trouve assez curieuse. Il se demande même pourquoi on veut lui imputer la paternité d’une déclaration et d’un «post» qu’il n’a pas fait. En plus, Me Sarr estime que cette déclaration dont on parle n’est même pas une information, mais une analyse d’une situation. Aux yeux de l’avocat, c’est clair qu’avec l’arrestation de Guy Marius Sagna, on est en train de remettre en cause la liberté d’expression. Parce que, d’après lui, on ne peut pas poursuivre M. Sagna pour fausse alerte au terrorisme.
Abondant dans le même sens, Me Amadou Aly Kane soutient qu’il n’y a aucun fait illégal qu’on peut reprocher à Guy Marius Sagna. «Il a donné son opinion sur les hôpitaux. On a voulu chercher autre chose. Ils se sont rabattus sur une déclaration du mouvement qu’il n’a pas dite. Sauf vouloir retenir une responsabilité collective qui n’existe pas en droit pénal, on ne peut pas imputer à Guy Marius Sagna cette infraction», a-t-il plaidé. Sur la demande de remise en liberté d’office, Me Kane explique : «Considérant que M. Sagna est détenu arbitrairement, il n’y a pas lieu d’attendre la fin de l’instruction pour demander une liberté provisoire. Si les autorités le veulent elles peuvent continuer leur enquête, mais l’activiste membre du mouvement France dégage doit être libéré», dit-il. Me Amadou Diallo d’Amnesty qui dénonce, quant à lui, un «acharnement inacceptable», demande au juge de faire «preuve d’indépendance et d’impartialité pour instruire le dossier le plus rapidement possible et qu’il soit libéré». La position d’e Assane Dioma Ndiaye est claire sur cette affaire. D’après lui, tout est planifié au plus haut niveau pour s’attaquer à l’emblème de la contestation dans notre pays. Ce qui, à son avis, est inacceptable et devrait être le combat de tout le monde. Parce que pour le président de la Ligue sénégalaise de défense des droits de l’Homme, on est en train de toucher aux droits fondamentaux et à la sûreté de la personne. Analysant la situation, Me Ndiaye soutient que «nous assistons à une période noire de la démocratie sénégalaise». Pour lui, il faut faire en sorte que «Guy Marius Sagna soit libéré d’office». D’après Me Ndiaye, il ne s’agit même pas de demander une liberté provisoire, mais il faut «la levée du mandat de dépôt».
«Nous assistons à une période noire de la démocratie sénégalaise»
Les avocats sont unanimes sur le choix d’opter dans l’affaire de Guy Marius Sagna pour l’instruction au lieu du flagrant délit. C’est pour eux un moyen de le réduire au silence, sachant que l’instruction peut durer 6 mois et même plus. Pour Assane Dioma Ndiaye, dans l’entendement des auteurs de cette forfaiture, il faut «couper la tête de ce mouvement contestataire». C’est aussi l’avis d’un des membres du mouvement France dégage. Selon Alioune Badara Mboup, Guy Marius Sagna a été arrêté pour son engagement dans Aar li ñu bokk. M. Mboup qui révèle que l’activiste a reçu des offres et des menaces soutient qu’en «Afrique, si vous ne cédez pas aux menaces, c’est la prison».
dkane@lequotidien.sn