Depuis deux semaines, ils attendent d’être fixés sur leur sort. Mais, le Tribunal de Dakar a une nouvelle fois reporté ses verdicts dans les affaires impliquant Moustapha Diakhaté et Bachir Fofana attendus ce mercredi 16 juillet 2025. Le délibéré a été reporté au 23 juillet prochain, prolongeant ainsi la détention des deux accusés dont les dossiers continuent de susciter l’attention, à cause de la grève des greffiers.

 

Par Dieynaba KANE – Bachir Fofana et Moustapha Diakhaté vont rester en prison jusqu’au 23 juillet prochain. Si le Sytjust et l’Untj, qui ont décrété encore 48 h, mettent fin à leur grève qui a conduit à la prorogation de tous les délibérés au Tribunal des flagrants délits. Ce qui a passablement agacé Me El Hadji Diouf : «Nous demandons respectueusement que les délibérés soient rendus.» Le président du Tribunal répond : «Je ne peux pas rendre un verdict sans greffier.» Me Diouf réplique : «Si on peut juger sans greffier, on doit pouvoir rendre le verdict.» Le juge enchaîne avec une suggestion : «La loi vous permet de demander une mise en liberté provisoire. Faites-le et nous avancerons.»
Me El Hadji Diouf introduit une demande de Lp pour Moustapha Diakhaté, mais le procureur assène que les arguments sur la régularité du domicile n’étaient pas suffisamment étayés. Ce qui a irrité l’avocat. «Maître, laissez le Parquet terminer ses réquisitions», demande le procureur. Me Diouf met fin au débat : «Nous avons eu un signal fort. Nous retirons la demande.» Le procureur conclut : «Puisque la demande est retirée, ma réquisition n’a plus d’objet.»

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Après un énième report du délibéré de son procès, Moustapha Diakhaté, détenu à la Mac de Rebeuss, a, dans une déclaration, fait savoir qu’il n’est «demandeur, ni preneur d’aucune liberté provisoire». Très remonté, Moustapha Diakhaté, qui se considère comme un otage politique, souligne : «Je préfère mourir en prison que de participer à donner un vernis juridique à une prise d’otage politique, avec la complicité de magistrats carriéristes et soumis.» Dans sa note, Moustapha Diakhaté invite ses «parents, proches et amis à s’abstenir de demander une autorisation de visite» à ses «ravisseurs du Parquet de Dakar». Dans sa missive, il a tenu également à remercier son «avocat, Me El Hadj Diouf, pour sa disponibilité et sa combattivité».

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Jugé le 18 juin dernier pour offense au chef de l’Etat et à une personne exerçant une partie des prérogatives du président de la République, Moustapha Diakhaté devait être initialement fixé sur son sort le 2 juillet, mais à cause de la grève des greffiers, le délibéré a connu plusieurs reports. Hier, encore pour les mêmes raisons, le délibéré a été repoussé jusqu’au 23 juillet. Une situation dénoncée par les avocats. Il faut noter que Me El Hadji Diouf ava0it introduit une demande de liberté provisoire pour son client, mais il a fini par la retirer. Lors du procès en flagrants délits, le procureur avait requis six mois de prison dont trois mois ferme, et une amende de 200 mille Cfa.

Pour Bachir Fofana dont le délibéré a été fixé aussi au 23 juillet, ses avocats, Me Diouf et Me Barro, ont choisi de ne pas demander de mise en liberté provisoire. Evidemment, Me Aboubacry Barro n’a pas caché sa frustration. «C’est récurrent. Et on ne sait pas quand la grève prendra fin, car il y a beaucoup d’innocents en prison dont les délibérés ont été prorogés, alors que ces personnes, si leurs affaires étaient vidées aujourd’hui, auraient peut-être pu bénéficier de la liberté», souligne-t-il. Il regrette les conséquences dramatiques de cette situation pour les détenus. Selon lui, «les libertés publiques et individuelles ne sauraient être otages des désidératas des greffiers» dont la grève entraîne la poursuite de ces détentions.

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Il regrette aussi l’opposition catégorique du Parquet aux demandes de liberté provisoire. Pour lui, il s’agit d’une attitude révélatrice d’un «Parquet de la répression, un Parquet très sévère qui n’hésite pas à envoyer les gens en prison et, à chaque fois, les demandes de liberté provisoire sont rejetées».
Il faut savoir que Bachir Fofana, jugé le 2 juillet dernier, est poursuivi pour «diffusion de fausses nouvelles» liées à l’attribution controversée du marché des véhicules de l’Assemblée nationale.
dkane@lequotidien.sn