Recourir aux peines alternatives est le meilleur moyen pour lutter contre la surpopulation carcérale. C’est la conviction de l’Observatoire national des lieux de privation de liberté (Onlpl), prenant le contrepied du gouvernement qui opte pour la construction et la modernisation des prisons.

Le gouvernement a-t-il pris la bonne direction dans la lutte contre le surpeuplement en milieu carcéral ? Devant le ministre de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, hier lors d’un atelier sur l’aménagement des peines et les peines alternatives, l’Observateur national des lieux de privation de liberté (Onlpl) a exprimé ses réserves sur la construction de prisons, entreprise par le gouvernement. Josette Marceline Lopez Ndiaye est d’avis que cette politique peut offrir une «amélioration globale des conditions de vie des détenus». Cependant, la dame assène ses vérités : «Malgré les initiatives de relèvement de l’indemnité journalière des détenus, de construction et d’extension du parc pénitencier ainsi qu’une tendance à la modernisation, la situation est préoccupante. Cet agrandissement du parc n’est pas la solution la plus pertinente ni le moyen le plus efficace contre le surpeuplement carcéral.»
A l’opposé, Mme Ndiaye propose un moyen de contournement de la prison qui, selon elle, «devrait assurer une meilleure prise en charge sociale dans le règlement des problèmes et des conflits qui aboutissent devant les tribunaux». Pour réaliser cette ambition, il faut un arsenal juridique. Ce qui ne semble pas être le cas. Josette Marceline Lopez Ndiaye indique la voie : «Ces peines alternatives peuvent être le sursis, la dispense de peine, l’ajournement, la semi-liberté… On peut prononcer ces peines, mais avant tout, il faut un soubassement, des mesures d’accompagnement pour contrôler cela. Nous n’avons pas un casier judiciaire fiable, il y a beaucoup d’homonymies au Sénégal, les adresses des délinquants changent du jour au lendemain, les bulletins de naissance ne sont pas souvent très justes… Tout cela fait que le juge a du mal à prononcer une peine alternative. Il n’est pas sûr que cette peine puisse être exécutée. Il faut une structure qui puisse suivre cela.»
En réaction, le ministre de la Justice a rappelé les actions du gouvernement à travers le Programme de construction et de réhabilitation des établissements pénitentiaires. Pr Ismaïla Madior Fall cite les projets de construction concernant une nouvelle prison de 1 000 places à Sébikotane, 8 chambres de 480 places au Camp pénal de Koutal, 4 chambres de 240 places à la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Diourbel. S’agissant des nouveaux établissements, le ministre informe qu’il est envisagé la création d’un Camp pénal de 400 places à Tambacounda et d’une Mac de 200 places à Pikine, entre autres actions.
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