Au lendemain de son 87e anniversaire, Lamine Diack devra faire face à la justice française. Selon nos informations, le procès de l’ex-omnipotent président de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf, devenu World Athletics), entre 1999 et 2015, soupçonné d’avoir pris part à un système de corruption destiné à protéger des athlètes russes, convaincus de dopage, se tiendra du 8 au 18 juin prochain devant la 32e Chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Paris. Ce «programme de protection» a permis à des sportifs dopés de continuer à s’aligner dans des compétitions majeures telles que les Jo de Londres en 2012 et les Mondiaux d’athlétisme en 2013 à Moscou, en échange de pots-de-vin.
Lamine Diack est poursuivi pour des faits de «corruption», «blanchiment en bande organisée» et «abus de confiance». L’octogénaire, ancien champion de France de saut en longueur, assigné à résidence dans l’Essonne depuis sa mise en examen en novembre 2015, se voit également reprocher, d’avoir détourné de l’argent de l’Iaaf, à son profit et à celui de son fils, Papa Massata Diack, ex-consultant marketing de la Fédération internationale d’athlétisme, en marge de contrats de sponsoring. Ce dernier est renvoyé devant la 32e chambre correctionnelle dans la même affaire.
Les magistrats assurent que Diack père et fils sont «au cœur de la corruption russe»
Dans leur ordonnance de renvoi, les magistrats en charge de l’instruction ont estimé que «Papa Massata Diack n’a pu s’enrichir dans des proportions considérables au préjudice de l’Iaaf qu’avec l’appui constant et éclairé de son père qui ne peut en laisser la seule responsabilité à son fils, consultant introduit et mandaté par lui».
Dans le même document, que l’Equipe a pu consulter, les juges indiquent encore que Lamine Diack, «contrairement à ce qu’il soutient, a joué un rôle actif, abusant de sa qualité de président de l’institution, et effectivement placé son fils au cœur du système mis en place lui ayant permis de détourner des caisses de l’Iaaf d’importantes recettes en amont». Par ailleurs, les mêmes magistrats assurent encore que Diack, père et fils, sont «également au cœur de la corruption russe».
Quatre autres prévenus seront aussi jugés dans ce dossier : Gabriel Dollé, ex-directeur du département médical et antidopage de l’Iaaf ; Habib Cissé, avocat et ex-conseiller juridique de Lamine Diack ; Valentin Balakhnichev, ex-président de la Fédération russe d’athlétisme (Araf) et ancien trésorier et vice-président de l’Iaaf ; Alexeï Melnikov, ex-entraîneur en chef des courses de fond à l’Araf. Seuls Lamine Diack, Gabriel Dollé et Habib Cissé devraient être présents à l’ouverture de leur procès. Réfugié au Sénégal, Papa Massata Diack est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis le 13 février dernier par la justice française. Les deux ressortissants russes font également l’objet de mandats d’arrêt.
Ce procès, qui devait se tenir au mois de janvier dernier, avait été renvoyé après la réception par la justice française, quelques heures avant l’ouverture des débats, d’une masse de documents bancaires adressée par le Sénégal, concernant Papa Massata Diack. Une improbable erreur dans la rédaction de l’ordonnance de renvoi devant le Tribunal correctionnel (Ortc) avait également justifié de ce renvoi.
A l’issue de ce procès, Lamine Diack n’en aura pas, pour autant, terminé avec la justice française. L’ancien homme fort de l’athlétisme et ex-membre du Comité international olympique (Cio) est également mis en examen dans une autre affaire de corruption, toujours en cours d’instruction, liée à l’attribution des Jo de Tokyo, qui se tiendront à l’été 2021, et des Mondiaux d’athlétisme 2017, 2019 et 2021.