Pour tirer au clair l’affaire du bradage du littoral, des membres de la Société civile réclament l’ouverture d’une enquête par le procureur. Le ministre de la Justice assure que s’il «s’avère que des crimes ou délits ont été commis, il y aura des poursuites». Toutefois, Me Malick Sall souligne que les poursuites peuvent ne pas être initiées par l’Etat mais par «les parties civiles et les personnes physiques».

Le ministre de la Justice a été interpellé hier lors de l’émission Jury du Dimanche de Iradio sur la question du bradage du littoral et les éventuelles poursuites réclamées par la Société civile. D’après Me Malick Sall, «s’il s’avère que des crimes ou délits ont été commis, il y aura des poursuites nécessairement». Le Garde des sceaux qui fait savoir que la Dscos a déjà agi et des rapports seront déposés, indique que «les poursuites peuvent même être initiées par les parties civiles, par les personnes physiques et pas nécessairement par l’Etat». Toutefois, Me Sall assure que «si les enquêtes qui sont en cours permettent à l’Etat d’agir, l’Etat agira et prendra ses responsabilités». Voulant rassurer sur la détermination du gouvernement à tirer cette affaire au clair, le ministre de la Justice estime que «le chef de l’Etat a pris les mesures qu’il fallait». A ce propos, il déclare : « Il a fait sa sortie, il a remis les choses à l’endroit. Vous avez vu à quel point il était en colère devant cette situation qui met en péril notre vie sociale.»
La liberté provisoire accordée au député Seydina Fall Boughazelli ayant suscité beaucoup de commentaires a été aussi abordée lors de cette émission. Me Malick Sall a ainsi répondu à ceux qui pensent que Boughazelli a obtenu cette liberté parce qu’il est membre de l’Apr. Selon lui, «si Boughazelli avait une protection judiciaire, une protection politique, il n’aurait pas été en prison». Expli­quant cette situation, il souligne qu’il «a dû présenter plusieurs demandes avant d’obtenir une liberté provisoire». Et le ministre d’ajouter : «Parfois il y a de l’amalgame, tous les praticiens du droit savent que quand un prévenu est placé sous mandat de dépôt, une demande de liberté provisoire n’est pas recevable tant que ce dernier n’est pas entendu au fond par le juge. Mais il y a des gens peut-être pour faire le buzz s’empressent le jour même où la personne a été placée sous mandat de dépôt de demander une liberté provisoire, alors qu’ils savent que cette demande n’est pas recevable.» Interpellé sur la frustration de Luc Nicolaï qui découlerait de la liberté provisoire accordée à Boughazelli, Me Sall renseigne que ce sont «deux affaires différentes». A en croire Me Sall, s’agissant du député «son dossier est en instruction» alors que «Luc Nicolaï a été condamné définitivement». Insistant sur ce point, il informe que «Luc Nicolaï est en prison en exécution de la contrainte par corps qui a été mise en branle par l’avocat de la partie civile». Le ministre rappelle qu’il «a été condamné à payer des dommages et intérêts et que s’il paye aujourd’hui, demain il va sortir». Pour clore ce sujet il déclare : «Donc cela n’a rien à voir avec le procureur, avec l’Etat ou même la machine judicaire. C’est la partie civile qui réclame le recouvrement de ses intérêts.»
Quid du rôle de l’Etat du Sénégal dans l’affaire Lamine Diack ? A en croire le ministre de la Justice, l’Etat a mis en branle son consulat à Paris là où il est en train d’être jugé pour lui apporter assistance, celle-ci, précise-t-il, «peut être financière ou morale». Rappelant qu’il a été arrêté en France et la procédure a été faite en France, Me Sall fait savoir que «tout ce que l’Etat du Sénégal peut faire c’est par le canal de son consulat lui accorder une assistance morale». Concernant le cas de Papa Massata Diack poursuivi également dans cette affaire, le ministre de la Justice a encore précisé que «la loi ne permet au Sénégal d’extrader son citoyen». Et Me Sall d’ajouter : «Les accords de coopération judiciaire qu’il y a entre le Sénégal et la France permettent à ce que la France refuse d’extrader ses citoyens et le Sénégal en fait de même et la France le sait (…) L’enquête a été faite et les rapports ont été transmis par le juge sénégalais au juge français. Il peut être jugé par défaut à Paris mais le juge sénégalais, la justice sénégalaise qui s’est saisie d’un volet ira jusqu’au bout.»