Le Sames, qui a suspendu son mot d’ordre de grève pour le Magal de Touba, voudrait rencontrer le Garde des sceaux et les magistrats pour les sensibiliser sur la particularité de l’exercice de la médecine au Sénégal. Il y a quelques jours, il avait demandé la prise de dispositions réglementaires avant toute audition ou poursuite contre un agent de santé.Par Justin GOMIS – 

Après des jours de tension, c’est le temps de l’accalmie. Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) a décidé de suspendre sa grève enclenchée après l’arrestation d’un gynécologue et de deux autres agents de santé à la suite de l’accouchement de Mamy Doura Diallo à Kédougou. «Cependant, compte tenu des besoins de la couverture sanitaire du Magal de Touba et sensible à l’appel de la ministre de la Santé et de l’action Sociale, le Sames suspend son mot d’ordre de grève», explique le syndicat. Il s’est réuni ce vendredi en Ben extraordinaire élargi aux secrétaires généraux de zones et sections, au Comes et à l’Association des internes et anciens internes du Sénégal, pour évaluer son mot d’ordre de grève.
Pour le Sames, c’est un succès : «Les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes se sont mobilisés comme un seul homme pour défendre la dignité de leur profession. Aujourd’hui encore, la demande d’une Justice rapide et équitable pour nos camarades de Kédougou reste une exigence du Sames», note-t-il.
Après la dernière judiciarisation d’un dossier médical, le syndicat des médecins annonce «une démarche pédagogique à l’endroit du Garde des sceaux et des magistrats». Cela permettra «une meilleure compréhension de notre art et la particularité de l’exercice de la médecine au Sénégal».
Dès l’éclatement de cette affaire de Kédougou, le Sames avait suggéré «la prise de dispositions réglementaires instituant la consultation de la ministre de la Santé et de l’action sociale, ainsi que le président de l’Ordre national des médecins du Sénégal avant toute audition ou poursuite d’un agent de santé pour ne pas provoquer des décès évitables à cause de décisions précipitées du Parquet, des concertations entre les ministères de la Justice, de la Santé et le Haut-conseil de la magistrature (Ndlr : Conseil supérieur de la magistrature)».
Il faut savoir que le juge d’instruction près le Tribunal de grande instance de Kédougou avait inculpé les trois agents impliqués dans l’affaire Mamy Doura Diallo, décédée en couches, ainsi que son enfant, dans la nuit du 30 au 31 août. Contrairement au réquisitoire du ministère public, qui avait chargé les agents de santé et demandé le mandat de dépôt pour homicide involontaire et complicité de ce chef.