Au mois de mai dernier, le Lycée Serigne Khassim Mbacké de Guinguinéo a remporté le premier Prix de codage à l’occasion des Journées d’animation scientifique (Jdas), initiées par l’Association d’appui à la science et aux Tic (Aastic) en collaboration avec Orange digital center. Une performance remarquable d’un candidat qui n’était pas pressenti pour la victoire finale. Mais, au-delà de ce succès, force est de constater que le lycée de Guinguinéo est un établissement à l’approche résolument tournée vers le numérique. Les élèves de cet établissement niché à Guinguinéo, département situé au nord-est de la région de Kaolack, sont imprégnés de la culture numérique. Par Laity NDIAYE

– Le Lycée Serigne Khassim Mbacké de Guinguinéo est un établissement «littéraire», ayant plus de classes littéraires que scientifiques. Pourtant, cela n’a pas empêché l’établissement de décrocher en mai dernier le premier Prix de codage face aux lycées de Limamou Laye (2e prix) et Diourbel (3e prix), des écoles réputées très compétitives. Le professeur de sciences physiques et l’un des encadreurs du club scientifique, Amadou Ndiaye, expli­que cette performance : «C’est un sentiment de satisfaction de voir le lycée, à travers son club scientifique, réaliser une telle performance devant des lycées plus outillés comme le Lycée d’excellence de Diourbel. Le concours était, pour eux, une occasion de montrer leur savoir-faire et exposer ainsi le travail qui se fait à Guin­guinéo.»

Il s’agit d’un concours inter-clubs scientifiques des lycées du Sénégal dont le but est de revaloriser l’enseignement scientifique et l’intégration des Tic dans le moyen secondaire et favoriser l’inclusion sociale par les Stem et le numérique. Pour cette édition qui avait reçu 46 départements et présélectionné 50 lycées, le thème était «Emergence du Sénégal : l’exploitation des énergies fossiles face aux enjeux climatiques». A en croire les encadreurs des lycéens, la préparation pour les élèves a été dense pour arriver à ce résultat. «Le club a bénéficié d’une journée de formation gratuite organisée par le groupe Aastic. Cette formation avait pour objectif d’imprégner les élèves à l’utilisation des Tic propres aux filières scientifiques (maths, informatique, sciences physiques et naturelles), mais aussi sur quels principes se dérouleront le concours et les modalités d’évaluation. A l’issue de cette formation, les élèves ont pu découvrir des applications de résolution de problèmes en maths, chimie, informatique. De plus, d’autres portes étaient ouvertes comme la programmation visuelle, la ressource numérique», a-t-il expliqué, en notant que des séances d’évaluation et des cours en ligne étaient constamment tenus. M. Simane d’ajouter : «Les élèves ont effectué une bonne préparation en collaboration avec la Force-N.» Professeur de Svt, il est encadreur au niveau du club scientifique au lycée de Guin­gui­néo.

Un lycée tourné vers le numérique
Le lycée de Guinguinéo n’en est pas à son premier coup d’essai. Déjà, en décembre dernier, une de ses élèves se classait deuxième au concours de programmation visuelle et robotique organisé par Force-N. Cette activité était alors suivie d’un séminaire de formation sur l’astronomie, au cours duquel le lycée a reçu un télescope en cadeau. «Les élèves du lycée et professeurs d’histoire et de géographie l’exploitent, et parfois on s’adonne à des séances d’observation quand les conditions sont remplies», explique M. Simane.
Cette expérience avec Force-N a permis, selon Amadou Ndiaye, de «capitaliser» et «d’agrandir le groupe» en vue d’autres rendez-vous comme la dernière édition des Journées d’animation scientifique (Jdas) ou encore la prochaine édition du tournoi. D’après lui, au lycée de Guinguinéo, a contrario d’autres établissements, les élèves peuvent compter sur une «franche coopération de l’administration» qui accorde aux Tic une place de choix malgré l’insuffisance des moyens. «L’administration ne ménage aucun effort dans l’appui et l’accompagnement des activités du club. Le club scientifique a bénéficié exclusivement de la disponibilité totale de la salle informatique et d’une con­nexion Internet permanente», a-t-il fait valoir, non sans indiquer malgré tout un défaut de moyens, et notamment de mise à niveau de la salle informatique, qui ralentit la progression des apprentissages.

D’autre part, à cette volonté de susciter la motivation et le goût de l’émulation, s’ajoute l’adoption d’approches innovatrices au quotidien visant à asseoir la cyberculture chez les élèves dans un contexte mondial de révolution numérique. «De façon progressive, l’administration autorise l’utilisation du téléphone mobile en classe, sous le contrôle du professeur. Très souvent, des séances de partage sont organisées entre professeurs et élèves (de terminale) à travers des outils de collaboration comme Whats­App, Zoom, etc. De plus, certaines rencontres pédagogiques entre professeurs se font souvent par Webinaire», a révélé Amadou Ndiaye. «Aujourd’hui, il est peu probable d’imaginer l’enseignement-apprentissage sans usage du numérique», a soutenu M. Ndiaye avant d’assurer que pour le futur, l’établissement compte offrir à ses élèves l’occasion d’explorer d’autres champs d’application autres que les champs usuels. «La programmation, le codage sont quelques exemples. Les Stem sont à la mode chez nous !» (Ndlr, acronyme de science, technology, engineering and mathematics), dit-il.