Après la Commission politique du dialogue national, les députés ont adopté, ce samedi, le texte du gouvernement devant permettre à Khalifa Sall et Karim Wade d’être candidats à la Présidentielle de 2024. Par Ousmane SOW –

Fruit du consensus obtenu par les acteurs du dialogue national, les députés de la majorité présidentielle et ceux du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de Taxawu Senegaal ont fait ressortir dans leurs interventions successives, l’importance du dialogue national lancé par le Président Macky Sall avec les différents segments de la Nation dans un contexte de tension politique. Pour la Secrétaire générale adjointe chargée de la communication du Pds, Nafissatou Diallo, le dialogue, c’est mieux que de se tirer des balles. Et elle rejette toute idée qui fait croire que ce dialogue était un deal. «Il y a toujours eu dans les sociétés en construction, des dialogues entre les politiques. Et c’est normal que le Pds réponde au dialogue lancé par le président de la République pour discuter et ne pas bloquer le pays. Nous ne sommes pas des ennemis, peut-être des adversaires politiques. Alors, si le Président appelle à un dialogue, pourquoi refuser ?», a-t-elle soutenu, rappelant que le dialogue a aussi acté la révision du procès de Karim Wade.
Parlant de la réforme, elle a estimé que la révision ne concerne pas Karim Wade qui, dit-elle, a déjà retrouvé son éligibilité depuis août 2020. «Mais puisque c’est une loi consolidante, nous l’avons votée».

Un 5 août mémorable pour les 2 K
Le vote s’est déroulé au bout de longues heures de débats dans une lourde atmosphère. Député de Taxawu Senegaal, Abba Mbaye dira que ce 5 août est un grand jour pour les «Khalifistes». D’après lui, le chemin a été long. Ils ont vécu de vrais moments de bonheur mais aussi de malheur. «Quand on a gagné en 2014, c’était magnifique. Quand Khalifa Sall est sorti de prison, c’était magnifique. Mais lorsque nous avons vu enterré Palla Samb, maire de Fann-Point E, et Idrissa Diallo, notre mandataire national et coordonnateur du parrainage, c’étaient des moments difficiles. Mais nous avons compris que la politique est une affaire de responsabilité et d’éthique. Et, nous travaillons toujours à nous aider», a expliqué le député.
De son avis, lorsqu’on a condamné Khalifa et Karim, la démocratie sénégalaise a perdu ses repères et sa régulation. Il précise qu’aujourd’hui, il y a une sorte de violence inouïe et une radicalité extrême dans l’espace politique. Alors, pour concrétiser les corrections (Karim et Khalifa), ils sont allés au dialogue.
Abba Mbaye a aussi adressé un message à son leader, l’ancien maire de Dakar. «Khalifa, nous sommes avec toi et nous voulons que tu sois le candidat du Peuple. Ne nous berçons pas d’illusions. Nous avons pris des coups, nous avons subi, parce que nous savons que tu le mérites. Nous avons subi, mais ne sois pas bercé d’illusions. Nous appartenons à cette génération qui aspire au vrai changement dans ce pays», a-t-il lancé. Abba Mbaye dit ne pas croire à ces jeunes qui pensent qu’il faut casser le système ou renverser la table.

TAS parle de syndrome de Stockholm
Quant à Thierno Alassane Sall, député non inscrit, il n’a pas voté le projet de loi qui réintègre les deux acteurs politiques majeurs, en laissant en rade Ousmane Sonko. D’après TAS, les modifications semblent régler des problèmes «individuels» à l’issue d’un dialogue «exclusif». «Tout le monde se rejouit de la réintroduction du cas de Karim et Khalifa, tout en excluant d’autres», a dénoncé le président du parti La République des valeurs (Rv). TAS a estimé que, quand on a eu à gérer des deniers publics et qu’on a des problèmes, on ne peut pas gérer l’Etat du Sénégal. Par conséquent, il regrette que des députés l’attaquent individuellement sur le sujet. «Ces gens étaient dans la même coalition. Ils ont combattu ensemble des années, ils ont crié au complot pendant des années, ils ont juré qu’ils ne se laisseront pas tomber pendant des années. Le sens de l’honneur et de l’éthique aurait voulu, au lieu de m’attaquer, au lieu de faire l’apologie de Macky Sall, comme on dit le syndrome de Stockholm (des otages qui tombent amoureux de leur ravisseur), c’est à moi qu’ils s’attaquent. Ce n’est pas moi qui l’ai laissé», explique le député non inscrit.