En installant des brigades de gendarmerie à Fongolimbi, Khossanto, Mako, l’Etat construit un système sécuritaire qui va réduire la vulnérabilité de la région de Kédougou à la criminalité transfrontalière et les menaces terroristes. Sans doute une réponse aux alertes du dernier rapport du Cheds sur les périls sécuritaires qui pèsent sur cette région.Par Ibrahima DIEBAKHATE

– Fongolimbi… On entendait le nom de cette localité quand certains voulaient citer un coin lointain…Depuis hier, elle est placée sur la carte sécuritaire du pays avec l’inauguration de sa nouvelle brigade territoriale par Me Sidiki Kaba. Son installation dans cette commune, située à la frontière guinéenne, n’est pas anodine : «La cérémonie d’inauguration de cette importante infrastructure traduit la vision politique du président de la République, qui élève au rang de priorité nationale le renforcement de la sécurité des personnes et des biens dans un contexte marqué par l’émergence de nouveaux enjeux sécuritaires. L’érection de cette brigade territoriale de Fongolimbi, d’une part, constitue une réponse à une demande sécuritaire légitime des populations et, d’autre part, consacre la montée en puissance de la Gendarmerie nationale dans cette zone afin d’y offrir une réponse appropriée face aux nouvelles formes de criminalité», explique le ministre des Forces armées.

Autant qu’à Khossanto ou Mako où ont été érigées de nouvelles brigades inaugurées ces dernières heures, à l’image aussi de la Section de recherches de Tambacounda, l’Etat est en train de construire un écosystème sécuritaire dense et proche des zones vulnérables. «L’édification de cette nouvelle brigade territoriale me donne aussi l’occasion de souligner l’importance du grand chantier de rénovation et de construction de cantonnements militaires dans la région de Kédougou. La création prochaine des compagnies de gendarmerie territoriale de Salémata et Saraya, d’une brigade de recherches, d’une brigade routière à Saraya et, à moyen terme, l’érection d’une légion de gendarmerie à Kédougou, montrent à quel point la sécurisation de cette partie du territoire national est une priorité», enchaîne Me Kaba. C’est une «densification du maillage territorial» par l’implantation de nouvelles unités de gendarmerie, surtout à Kédougou où les défis sécuritaires sont nombreux : il y a l’exploitation aurifère qui attire la grande délinquance et la proximité avec le Mali, avec l’effondrement de son appareil sécuritaire et ses institutions démocratiques. «La criminalité transfrontalière organisée et multiforme, qui se manifeste par les trafics illicites de toutes sortes et les atteintes aux personnes et aux biens, est devenue une de nos préoccupations quotidiennes. Elle devient de plus en plus difficile à contrôler, dans un contexte de forte pression migratoire favorisée par la libre circulation des personnes et des biens dans notre espace communautaire. A cela s’ajoutent la porosité des frontières, l’impraticabilité des routes et la faible couverture du réseau téléphonique, qui favorisent l’insécurité», analyse froidement Me Sidiki Kaba pour expliquer la multiplication des unités de sécurité à l’intérieur du pays.
Aujourd’hui, l’érection d’une brigade territoriale à Fongolimbi, vient «combler» un vide sécuritaire. «Cette brigade territoriale, qui vient à son heure, concourra sans nul doute à renforcer la présence de la Gendarmerie nationale dans cette zone frontalière. Avec les moyens adaptés que le Haut-commandement de la gendarmerie a consenti à mettre à disposition, cette unité contribuera à une meilleure surveillance du territoire, au contrôle des flux concomitamment avec la sécurisation des axes routiers pour lutter contre toute forme de délinquance. La sécurisation efficiente de cette partie du territoire conditionne son développement socio-économique. C’est dire que les populations de Fongolimbi et des villages environnants attendent énormément de cette nouvelle unité», insiste le ministre des Forces armées ravi de l’efficacité opérationnelle de la Maréchaussée.
Il espère aussi une implication des populations dans la réalisation des objectifs dans une zone où la menace djihadiste est prégnante. Il dit : «La sécurité est une affaire de tous car chaque citoyen doit se sentir concerné par les questions de sécurité. Aujourd’hui, les groupes armés terroristes, qui constituent une sérieuse menace de la stabilité de nos Etats, se nourrissent de la fragilité des populations, qui deviennent acteurs ou victimes malgré elles. Leurs modes d’actions connus s’appuient sur les communautés. C’est pourquoi il est important que vous fassiez preuve d’une extrême vigilance pour s’opposer à toute forme d’endoctrinement. Je vous invite donc à jouer pleinement votre rôle de sentinelle et à faire preuve de patriotisme. C’est à ce prix que le combat contre le terrorisme et toutes les formes de criminalité sera gagné», espère-t-il.

 

Zones frontalières
A Khossanto, qui a aussi étrenné sa brigade territoriale, c’est une réponse sécuritaire à «une demande légitime des populations». «L’érection de cette brigade contribue au maillage sécuritaire du territoire par la Gendarmerie nationale et marque davantage sa présence dans cette zone frontalière. Cette unité, dotée de moyens adaptés, permettra d’assurer la surveillance du territoire et le contrôle des flux concomitamment avec la sécurisation des voies de communication pour lutter contre les faits d’insécurité. Les attaques à mains armées et l’orpaillage clandestin, qui dégrade fortement l’environnement, préoccupent les plus hautes autorités ainsi que les populations. Ils constituent des défis importants et urgents à relever dans cette zone frontalière», rappelle le ministre des Forces armées, qui souligne l’installation récente de l’escadron de surveillance et d’intervention à Saraya. Pour lui, cela découle d’une «vision stratégique du Haut-commandant de la Gendarmerie nationale». «Il a très tôt appréhendé la nécessité d’occuper cette bande frontalière pour mieux sécuriser l’intérieur du territoire national. Son pragmatisme s’inscrit dans la recherche constante de l’efficacité opérationnelle, un des principes premiers de l’organisation de son commandement», note-t-il.
Correspondant