C’est à la suite d’une vaste opération de la gendarmerie de Kédougou qu’une trentaine personnes, dont les maires de Ninéfécha et de Tombo­ron­koto, le chef du Service régional des mines de Kédougou, le conservateur du parc national Nio­kolo Koba et son adjoint, ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, corruption, activités minières illicites, détention et vente de substances sans autorisation et complicité d’activités minières, utilisation illicite du mercure. Ainsi que 18 autres personnes de nationalité chinoise et ghanéenne. En livrant son verdict hier, le Tgi de Kédougou a condamné la plupart à des peines comprises entre 2 mois et 2 ans ferme après avoir blanchi les édiles de Ninéfécha et de Tomboronkoto, et le journaliste Boubacar Tamba.

Prises dans les filets de la gendarmerie et du Parquet, les personnes impliquées dans l’exploitation de l’or dans le parc national Niokolo Koba ont été édifiées sur leur sort. Le juge du Tribunal de grande instance de Kédougou a infligé des peines diverses aux différents prévenus, poursuivis pour association de malfaiteurs, corruption, activités minières illicites, détention et vente de substances sans autorisation et complicité d’activités minières, utilisation illicite de mercure.
Cité comme le chef de file de ce business, le conservateur du parc, le colonel Amar Fall, a écopé de 2 ans de prison ferme. Sultan Diop, Kusi Kwabena, les deux Chinois Kun Deng et Wan Hu, itou. Alors que le capitaine Marone, adjoint au conservateur, a pris 6 mois ferme, le Chinois Wang Xunxi a été condamné à 2 mois de prison ferme et Adama Diop, le directeur du Service régional des mines de Kédougou, a récolté 1 an. Les prévenus Dondo Keïta et Nfally Camara, respectivement maires de Ninéfécha et de Tomboronkoto, Boubacar Dem­bo Tamba, correspondant de Sud Fm, le lieutenant Oumar Kane, entre autres, ont été purement et simplement relaxés. Avant même leur jugement, les deux édiles et le journaliste avaient obtenu une liberté provisoire qui laissait présager de leur probable élargissement.
Cette affaire avait rythmé la ville de Kédougou il y a deux mois. A la suite d’une dénonciation anonyme révélant aux pandores une intense exploitation illicite d’or dans le périmètre du parc national, entretenue par des Chinois avec évidemment la complicité de hauts fonctionnaires établis dans la zone. Il s’agit en d’autres termes d’une affaire de corruption dans laquelle étaient impliqués le lieutenant Sultan Diop et le conservateur du parc. Mais les ramifications avaient dépassé cet écrin de 9 130 km2 de faune et de flore, classé patrimoine mondial de l’Unesco et Réseau mondial des réserves de biosphère.
Dès l’ouverture du dossier, le Parquet avait déféré 15 Chinois, 3 Ghanéens et une dizaine de Sénégalais, à savoir le conservateur du parc national Niokolo Koba, le chef du Service régional des mines de Kédougou et les maires Ninéfécha et de Tomboronkoto. Lesquels ont été placés sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, corruption, activités minières illicites, détention et vente de substances sans autorisation et complicité d’activités minières, utilisation illicite du mercure. En plus, le journaliste Boubacar Tamba s’était retrouvé en prison dans le cadre de cette enquête qui a dévoilé la mauvaise conduite de certains fonctionnaires. Au final, 11 personnes s’étaient retrouvées à la barre du Tgi de Kédougou, siégeant en séance correctionnelle et en audience spéciale.

Les maires de Ninéfécha et de Tomboronkoto et le journaliste Boubacar Tamba relaxés
Le pot aux roses a été découvert grâce aux mouvements incessants de gros engins appartenant à des Chinois, qui avaient commencé à exploiter une mine d’or depuis le 24 mars dernier, «sans permis et en complicité avec les responsables précités». Ils travaillent sur deux sites dont le plus connu est situé à 3 km du village de Mandathiès dans le parc national, niché dans la commune rurale de Ninéfécha. Les engins ont abattu plusieurs arbres sur leur passage pour se frayer un meilleur accès aux différents sites, informe le commandant de la Compagnie de gendarmerie de Kédougou. «Ils ont été arrêtés et déférés au Parquet pour atteinte au Code minier, atteinte au Code de l’environnement et circulation illégale dans le parc avec de gros engins», détaille le gendarme qui rappelle que leurs Caterpillar sont présentement sous le contrôle de la gendarmerie qui a mis fin à un business qui rapportait gros. Selon le commandant, les Chinois récupéraient entre 600 et 800 gr d’or par semaine. Ce qui constituait, dit-il, un chiffre d’affaires compris entre 12 et 16 millions F Cfa. Question : Comment le conservateur du parc national s’est retrouvé dans cette affaire ? Le patron de la gendarmerie de Kédougou a retracé les appels téléphoniques du garde forestier qui sommait l’équipe chinoise de quitter l’aire de Niokolo Koba «parce que le ministre (de l’Environnement) est en visite dans la région».
Il faut savoir qu’avant cette vague d’arrestations, la gendarmerie avait saisi des pirogues et machines de dragage appartenant à des Maliens au village de Kabatéguinda, sur les rives du fleuve Gambie. Ils avaient fini de polluer toute l’eau du fleuve en utilisant des produits toxiques comme le mercure.