A Kédougou, l’exploitation aurifère a provoqué le développement du grand banditisme. Il y a quelques heures, la gendarmerie a démantelé un vaste réseau de trafic d’enfants. Elle a libéré 10 garçons des mines, tous de nationalité burkinabè, qui devraient rentrer incessamment. Par Ibrahima Diebakhate
– Les sites d’orpaillage sont des endroits criminogènes : ce mercredi, la gendarmerie a démantelé un réseau de trafic de personnes à Kédougou. Ce coup réalisé par les éléments de la brigade mobile de la gendarmerie de Kédougou a permis de sauver dix enfants originaires du Burkina Faso de la mine à Bantaco, localité aurifère située dans la commune de Toboronkoto, département de Kédougou. Dans les zones d’exploitation artisanale, des jeunes garçons et filles en provenance des pays limitrophes sont contraints aux travaux forcés et à des pratiques sexuelles. Pour l’instant, la répression n’a pas réussi à juguler le phénomène.
A Bantaco, situé à 28 km de Kédougou, c’est le soulagement pour ces dix enfants et adolescents, qui ont été secourus par la gendarmerie. Ils avaient été convoyés à Kédougou par un groupe de Burkinabè qui avaient réussi à développer un vaste réseau de trafic et de traite de personnes entre le Faso et le Sénégal via le Mali. Avec des ramifications dans les différents pays, ce réseau a toujours réussi à convaincre de nombreux garçons et filles, candidats à l’émigration, de les rejoindre sur ces sites d’orpaillage.
Aujourd’hui, la brigade mobile de la gendarmerie de Kédougou a mis en sécurité ces dix jeunes garçons : il s’agit de Khalifa Ouédraogo (17 ans), Ayouba Béléma (19 ans), Issa Gérôme (15 ans), Issa Sawadogo (14 ans), Arouna Guiro (16 ans), Aziz Ouédraogo (20 ans), Arouna Béléma (15 ans), Mady Djibo, (19 ans), Ousseynou Zongo (17 ans), Adama Ganami (16 ans). Ils ont été placés au niveau du service de l’Action éducative et de la protection sociale en milieu ouvert (Aemo) de Kédougou, qui devrait les remettre prochainement à l’Ong La Lumière pour leur prise en charge et l’organisation de leur retour chez eux.
En attendant, la surveillance continue car la gendarmerie a déployé des éléments dans les différents sites d’orpaillage pour stopper ces réseaux de trafic de personnes. Avec la porosité des frontières, le manque de personnel et d’unités spécialisées dans la lutte contre la traite des personnes, le manque de formation, d’infrastructures, l’insuffisance des ressources disponibles et l’application inadéquate des lois existantes pour poursuivre et punir les auteurs de tels crimes, il y a encore du chemin à faire pour faire cesser ces pratiques dégradantes.
Pour lutter contre le trafic sexuel dans la région de Kédougou et poursuivre les auteurs de ces crimes, l’Initiative africaine de programmation et de recherche pour mettre fin à l’esclavage (Apries), logée au Centre de recherche et de sensibilisation sur la traite des personnes (Cenhtro) de l’Université de Géorgie, en partenariat avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), a lancé il y a quelques jours le projet visant à lutter contre le trafic sexuel des jeunes femmes âgées de 15 à 30 ans dans la région de Kédougou. Le montant total du financement de ce projet est estimé à 4 millions de dollars, pour une durée de 5 ans.
Grâce au Bureau du département d’Etat américain chargé de surveiller et de combattre la traite des personnes (Tip Office) et à l’appui des Ong, il reste possible de sortir de nombreuses personnes de cet enfer à Kédougou et Saraya.
Correspondant