Le trafic de peau de léopard, qui est une espèce protégée, a connu ces derniers temps un développement inquiétant, aux yeux des acteurs de la lutte contre la criminalité faunique qui annon­cent l’arrestation, le 17 mars dernier, à Kédougou de deux trafiquants présumés.

Le niveau de développement du trafic des espèces protégées au Sénégal ces derniers temps, surtout des léopards, inquiète les acteurs qui luttent contre ce fléau. Au point même qu’ils s’interrogent sur un éventuel déclin des léopards d’Afrique de l’Ouest ; d’où le sens qu’il faut donner à la lutte contre la criminalité faunique qui a encore produit des résultats probants. En effet, le 17 mars dernier, une opération d’arrestation, menée par la direction des Parcs nationaux, avec la collaboration étroite du Commissariat central de Kédougou, du procureur de Kédougou et l’appui du projet Eagle Sénégal, a permis l’arrestation de deux présumés trafiquants de faune. C’est ce qu’indique un communiqué du projet Eagle Sénégal qui renseigne que les deux mis en cause «ont été surpris dans un hôtel de la localité (Kédougou), en flagrant délit de circu­la­tion, détention, tentative de commercialisation de 3 peaux de léopard, 17 ivoires d’hippopotame et une peau d’hyène».
Entendus sur les faits à eux reprochés, ils «affirment que toutes ces contrebandes proviennent du Sénégal, dans la région du Parc national du Niokolo Koba, dernier havre de paix de la grande faune sénégalaise, mais aussi du Mali et de la Guinée Conakry». Les présumés trafiquants risquent «une peine d’un an d’emprisonnement, des dommages et intérêts et amendes à payer», au terme de l’article L32 du Code de la chasse et de la protection de la faune, «portant sur la détention, la circulation et la commercialisation d’espèces protégées ainsi que sur l’importation illégale  d’espèces annexées à la Convention de Washington, aussi nommée «Cites» que le Sénégal a ratifiée et se doit de la faire appliquer sur l’ensemble du territoire national».
Interrogé sur cette nouvelle affaire de peau de léopard, le coordinateur du projet Eagle Sénégal, expert en criminalité faunique, fait état d’une «situation inquiétante dans la partie sud du pays». Il dit n’avoir «jamais eu à constater, avant 2020, une telle ampleur de trafic de peau de léopard et d’ivoire d’hippopotame dans le sud du pays, deux espèces hautement protégées par des textes de loi sur l’ensemble du continent africain, y compris au Sénégal, car leurs populations sont proches de l’extinction continentale finale».
Tout en indiquant que «ce trafic d’animaux sauvages au Sénégal représente un nouveau risque accru de transmission virale entre l’homme et l’animal» dans ce contexte sensible de Covid-19, le responsable de Eagle Sénégal informe de l’existence au Sénégal «de réseaux de trafic de faune transfrontaliers bien organisés, en lien avec d’autres crimes connexes tels que le trafic d’armes et de munitions de guerre, le trafic de drogue et de bois protégé».
«En seulement 8 mois, les Parcs nationaux, la Police nationale, avec l’appui de Eagle Sénégal, ont saisi 10 peaux de léopard dont 2 bébés léopards. Ce qui laisse clairement penser que la demande est si forte à présent que même les bébés, autrefois épargnés, sont aujourd’hui exterminés. Pour début 2021 seulement, c’est déjà 5 peaux de léopard et 129 ivoires d’hippopotame saisies et confisquées. Cela représente également un rythme de trafic de ces deux espèces deux fois supérieur au 6 dernières années (…)», rappelle le coordinateur du projet Eagle Sénégal.