A Keur Moussa, la population refuse d’être roulée dans la farine. Ainsi, elle se mobilise contre l’installation d’une usine de fabrique de farine et d’huile de poisson qui va impacter négativement, selon elle, leur environnement.

Les usines de farine et d’huile de poisson essaiment à Thiès. Après Cayar, Keur Moussa va être dotée d’une unité industrielle qui est construction au cœur du quartier Thiénaba, à 50 m des habitations et au bord de la route principale. Cette affaire scandalise les populations. Qui d’un point de presse, hier, se sont insurgées contre l’installation de cette industrie dans leur localité et l’impact environnemental qu’elle va engendrer. Aussi, elles se sont offusquées de la «désinvolture» des autorités, surtout municipales, qui, selon elles, «sont jusqu’à présent incapables de nous donner des informations fiables par rapport à l’implantation de cette usine». Ndiassé Kaïré, membre de l’Association And défar Keur Moussa, est catégorique : «Le maire est derrière le promoteur du projet qui veut installer cette usine en toute violation du Code de l’environnement et des droits des populations de Keur Moussa.» En effet, explique le porte-parole des villageois, «après plusieurs recours à des experts, ces derniers nous ont informés que cette zone-là fait partie de la catégorie des installations classées. Et au Sénégal, les installations classées obéissent à un régime préventif qui nécessite des règles rigoureuses». Lesquelles, de l’avis de M. Kaïré, «n’ont pas été respectées par le promoteur». Il s’agit notamment «de l’absence d’une autorisation délivrée par le ministère de l’Environ­nement». Parce qu’à l’en croire, elle «est assujettie à beaucoup de conditions dont l’installation de l’entreprise à 500m au minimum des habitants en raison du danger qu’elle constitue. Cela n’a pas été fait. L’usine a été installée au milieu du quartier Thiénaba, à quel­ques mètres de la route principale». Il en conclut que «c’est une violation du Code de l’environnement». En plus de ce manquement, les populations dénoncent l’absence d’une enquête publique qui devait précéder le début des travaux de construction de l’usine en cours. «L’avis favorable du conseiller rural, après la diligence de cette enquête publique, ne nous a jamais était notifié. Nous pensons donc qu’il est inexistant». Pis, «l’étude d’impact environnemental a été torpillé parce que l’un des éléments essentiels de cette étude n’a pas été fait. Il s’agit de la tenue d’une audience publique pour permettre à la population de s’imprégner du dossier de ce projet».
Compte tenu de toutes «ces irrégularités commises par le promoteur, nous avons saisi les autorités administratives avec une pétition de 1 000 signataires pour remettre en cause la tenue d’une audience publique qui aurait donné un avis favorable pour l’implantation de cette entreprise». Mieux, «nous allons enclencher une procédure judiciaire parce que nous refusons catégoriquement l’implantation de cette usine grand pollueur qui constitue un danger sanitaire et environnemental pour les populations riveraines». Surtout que «les fosses qui ont été creusées au sein de l’entreprise s’ouvrent à travers les fenêtres des habitants. Et cela peut créer des conséquences environnementales désastreuses avec le déversement des eaux usées et souillées et l’odeur nauséabonde que cela va engendrer des déchets». Ce qui est, aux yeux de Ndiassé Kaïré, «la porte ouverte aux maladies, aux infections respiratoires, entre autres». Il avertit toutes les autorités concernées : «Si le problème n’est pas réglé, nous allons le prendre en charge. Et la confrontation sera inévitable. Nous les demandons donc de nous rétablir dans nos droits parce que nous sommes prêts à donner nos vies dans cette lutte contre toutes sortes de pollutions et de nuisances par rapport à notre cadre de vie.»