«Les archives de la vie» et «Portraits décalés» sont deux ouvrages, selon son auteur Khalifa Touré, qui «portent le souci du monde : l’étonnement, l’inquiétude, le souci de bien faire». Il l’a déclaré samedi dernier à l’Harmatan lors de la séance de dédicace en présence des préfaciers, Pr Abdoulaye Elimane Kane pour le premier et Pr Amadou Ly pour le second.Par Aliou DIALLO

– Les archives de la vie et Portraits décalés. Deux ouvrages, un même auteur. Le premier est préfacé par Pr Abdoulaye Elimane Kane et le second par Pr Amadou Ly. Ces deux livres en rayon dans les librairies portent la signature de Khalifa Touré, professeur de Lettres, très connu des fidèles lecteurs du journal Le Quotidien où il animait une chronique. D’abord, Les archives de la vie est dédié à son défunt père, Oussseynou Touré. Il s’agit d’un regard littéraire sur le monde qui traite de vertu, de vice, d’idéologie, de spiritualité. «Je l’ai accepté sans le connaitre physiquement. C’est en lisant cet ouvrage que j’ai découvert un homme attachant, un intellectuel. Quelqu’un qui a une vaste culture, une très belle plume», dira Pr Abdoulaye Elimane Kane.
Après Les archives de la vie, Portraits décalés. Son préfacier est aussi étonné des qualités de l’auteur. Ce dernier a réalisé une galerie de portraits, pas n’importe qui. Plusieurs personnalités sénégalaises, africaines comme «Larbi Bembareck, la première perle noire du football» y figurent. Des grands footballeurs comme Raoul Diagne, Salif Keïta, Sadio Mané, aux figures marquantes de l’histoire des noirs d’Afrique et de la diaspora comme Me Abdoulaye Wade, le lecteur est bien servi. «C’est une œuvre que, en toute objectivité, je recommande chaleureusement à la lecture de tous et de toutes. Il faut absolument lire, conserver et à l’occasion, relire Portraits décalés de Khalifa Touré», exhorte Pr Amadou Ly. Parce que, dit-il, «c’est une œuvre originale, portant sur des sujets originaux, et écrite dans un style comme chacun voudrait en être doté».
Cette lecture de Pr Amadou Ly montre qu’il a été séduit par le style d’écriture de l’auteur. Ce dernier par contre cherche à comprendre comment l’éminent homme de Lettres a compris son «jeu». Il se demande : «Il y a des choses que j’essaie de cacher dans mon texte, qu’on ne peut pas dire mais qu’il a senties. Je n’ai pas compris comment il a pu percer certains mystères de mon texte.» Abdoulaye Elimane Kane donne une réponse ironique qui fait rire toute l’assistance. «C’est mon cousin, il est un peu sorcier.»
Dans la salle, il n’y avait pas que des rires. Il y a eu des moments d’émotion, des larmes. Le maître de cérémonie, Pr Samba Ndiaye, n’a pas pu se retenir après le discours captivant de Mansour Ndiaye sur son ami Khalifa Touré. Il disait de lui que «c’est un homme de devoir. Un homme consistant. Un homme bon qui gravite autour de ces quelques dimensions : ses origines, son militantisme, sa teneur intellectuelle et sa générosité».
Pour Khalifa Touré, «tous les deux livres portent le souci du monde : l’étonnement, l’inquiétude, le souci de bien faire». Profitant de cette tribune littéraire, il n’a pas mis de gant pour parler des maux qui entourent le livre. «Ce qui nous manque, c’est la bonne attitude, le respect, la distance, les bonnes manières culturelles, l’esprit chevaleresque, la volonté de se faire respecter et d’organiser le livre et la lecture pour faire non pas un instrument de domination mais un grand terrain de la culture où les adultes et les aînés viendront jouer au plus difficile des jeux, c’est-à-dire l’écriture», avance ce critique littéraire. Selon lui, «le livre a besoin de lire, d’espace aéré, de respiration surtout en ces temps de Covid-19 ou le droit d’expirer et d’inspirer est soumis à la peur et à la méfiance pour certains, à la désinvolture et l’insouciance pour d’autres». Il y a une grande menace qui plane sur le livre et la littérature, alerte Khalifa Touré. «Une menace faite de paresse, d’incompétence et de méprise», précise-t-il.