A l’occasion de la cérémonie d’ouverture officielle d’une mosquée construite par l’Institut Mozdahir international (Imi) à Kolda, les musulmans de la région de Kolda ont pu démontrer que les fidèles de l’école chiite comme ceux de l’école sunnite de l’islam sont des frères en religion, se réclamant tous du même prophète, du même Livre saint et ont la même qibla (direction). Ils ont prié ensemble et se sont juré admiration les uns pour les autres.Par Abdoulaye KAMARA –

Chérif Mohamed Aly Aïdara, guide des musulmans chiites Mozdahir du Sénégal, a pu mettre ensemble, dans une même mosquée, plusieurs milliers de musulmans, adeptes des écoles chiite et sunnite. C’était vendredi passé à Kolda, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la mosquée sise dans l’enceinte du siège de l’Institut Mozdahir international qui abrite, en sus de la mosquée, un poste de santé, une radio et un internat pour l’enseignement du programme officiel du Sénégal en français et des sciences religieuses. Et c’est l’imam sunnite de la grande mosquée de la capitale régionale, Thierno Alassane Tall, qui a dirigé la prière (al jumm’ah) à 14 heures passées, inaugurant les offices de la prière dans ce lieu de culte baptisé Fatima Zahra. Mieux, l’homme de Dieu sunnite, en compagnie de ses proches, est resté au milieu de ses coreligionnaires chiites jusqu’aux environs de 17 heures pour diriger la prière du soir, Al asr. Thierno Tall n’était pas le seul dignitaire de l’islam sunnite dans cette mosquée qui peut accueillir jusqu’à 500 fidèles. Tout ce que la région de Kolda compte comme familles religieuses sunnites, y compris Médina Gounass, y étaient représentées. Aussi l’imam Tall, prononçant un sermon après la prière, a-t-il magnifié le dialogue intra-islamique. Il a dit : «J’ai accepté de diriger la prière pour prouver à tous que nous sommes une même communauté musulmane qui avons les mêmes références religieuses, à quelques exceptions négligeables. Nous devrions, dans un contexte mondial d’islamophobie, nous unir pour combattre les ennemis de la religion du prophète Mohamed (Psl). En tout cas, je n’ai qu’admiration pour le guide Chérif Mohamed Aly.» Et puis, un autre guide religieux sunnite a enchaîné. Thierno Amadou Néné Kandé a noté : «Je prie Chérif Aly, mon père, mon guide, de continuer dans sa voie. Il aurait pu se reposer loin de la chaleur du Fouladou et même du Sénégal. Il a choisi de travailler pour l’islam, pour le développement de son pays, de son terroir. Il mérite des remerciements. Et Dieu va se charger de le rétribuer.» S’adressant à la foule, Thierno Kandé a dit : «Je vous demande de confier vos enfants à Chérif Aly pour leur montrer la voie de Dieu, pour un devenir radieux, pour qu’ils vous reviennent, plus tard, bien éduqués et capables de subvenir à vos besoins.»

Des témoignages et puis des louanges au prophète de l’islam qui ont eu le bonheur d’irradier le visage du guide de l’islam chiite, joyeux, au bord des larmes. Chérif Mohamed Aly a ensuite dit : «Je n’ai plus rien à dire. Tout a été dit et bien dit.» Le natif du département de Vélingara a rappelé ses origines sunnites, école dont il maîtrise, dit-il, les fondements pour les avoir étudiés auprès de son père au village de Darou Hidjiratou (département de Vélingara), avant d’approfondir ses connaissances au cours de son long séjour à travers les continents africain, européen et asiatique.

Compétition de récitation du Coran
Musulmans sunnites et chiites ont le même Livre saint, le Coran, comme référence. En prélude à l’inauguration de la mosquée Fatima Zahra, l’Ins­titut Mozdahir international a organisé une compétition de récitation du Coran entre des enfants d’une moyenne d’âge de 11 ans. Une compétition à laquelle ont participé des élèves des écoles chiite et sunnite des départements de Kolda, Médina Yoro Foula, Kaolack et Vélingara. Les élèves compétiteurs du département de Médina Yoro Foula ont raflé les premières places. Un concours qui a révélé de jeunes talents dans la récitation du Coran, originaires du Fouladou. En plus d’un diplôme de participation, tous les 65 compétiteurs sont rentrés, chacun, avec une enveloppe d’argent émanant du guide religieux, Chérif Mohamed Aly. Les joutes oratoires se sont déroulées 3 jours avant l’inauguration de la mosquée dans l’enceinte du Complexe islamique Mozdahir qui abrite un centre d’accueil dont les pensionnaires sont logés, nourris, éduqués, vêtus, blanchis et soignés par les soins de Chérif Aly. De même, ledit complexe abrite, aussi, un poste de santé, une radio commerciale et un périmètre maraîcher…en construction.
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