Le Sénégal accueillera la Conférence Sahara de la Basketball Africa League (Bal) à partir de ce 4 mai dans le cadre de la quatrième saison de cette compétition. La Bal est un rendez-vous sportif qui a fini, en quatre saisons, de s’imposer comme un événement majeur en Afrique. C’est une ligue de basketball professionnel qui oppose des équipes de tout le continent, sous le format de conférences régionales.

Pour cette année, la Conférence Sahara, se tenant à Dakar, vient après les conférences Kalahari (tenue à Pretoria) et Nil (disputée au Caire). Les phases finales au format de Play-offs se joueront au Rwanda qui, depuis le début de la Bal, a misé sur l’opportunité de visibilité et tout l’écosystème économique que générerait une telle compétition en Afrique.

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On peut s’en mordre les doigts quand on sait que les promoteurs de la Bal dont le compatriote Amadou Gallo Fall et des responsables de la Nba et de la Fiba-Afrique, ont tout tenté, depuis la genèse de ce projet, pour faire jouer au Sénégal un rôle majeur. Les avantages, que présentait notre pays en termes d’accueil hôtelier, d’infrastructures sportives et de développement de la culture sportive, ont toujours motivé les organisateurs de la Bal à garder le Sénégal comme étape obligée de leur compétition, mais la réticence de nos dirigeants à accompagner ce championnat de façon conséquente aura pu doucher certaines ambitions des promoteurs.

Comme les précédentes éditions, la Bal oppose 12 équipes de tout le continent, avec des rencontres diffusées par plusieurs médias internationaux dont Canal+Afrique pour notre zone. En trois saisons, la compétition a pu être suivie dans plus de 120 pays. Cela met en lumière les pays-hôtes des conférences tout en créant beaucoup de retombées économiques. Tout un écosystème s’organise dans la semaine où la Bal se tient à Dakar. Rien que pour la saison dernière, le bilan financier de l’évènement à Dakar s’arrêtait à plus de 3 milliards F Cfa injectés dans l’économie, avec la mise à contribution de divers prestataires et de collaboration avec des entreprises sénégalaises.

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Le secteur hôtelier arrive aussi à faire son chiffre pendant cette compétition, avec une présence de pas moins de 500 acteurs du basket et des secteurs connexes, compte non tenu de supporters de certaines équipes en lice qui font le déplacement pour suivre les matchs de leurs champions.

Le Rwanda, hôte de la première édition en pleine pandémie du Covid-19, avait flairé l’opportunité pour signer un contrat d’exclusivité de 3 ans pour accueillir les phases finales de la compétition de 2022 à 2024. Ce bail, le pays de Paul Kagame le renouvelle encore pour pouvoir davantage promouvoir le tourisme au Rwanda et mettre en valeur les grandes entreprises ou initiatives «Made in Kigali».

La Nba, dans sa stratégie de populariser davantage ces compétitions en Afrique, a prôné une organisation de la Bal en différents rounds sur le continent pour toucher l’Afrique australe, l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest (les trois zones géographiques avec les plus fortes audiences basket). Quand on se rend compte que c’est notre continent, par sa jeunesse, qui offre l’audience la plus à même d’être fidélisée sur un temps long, on comprend pourquoi des ligues, comme la National Football League (Nfl, football américain), misent sur le filon africain pour augmenter son bassin de fans et de spectateurs.

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Tout l’esprit qui sous-tend le déroulement de la Bal milite à la mise en place d’une ligue sportive créatrice de valeurs. Le partenariat de l’Agence française de développement (Afd) avec la Bal donne une idée de l’impact grandissant que cette ligue sportive prend pour impacter la jeunesse du continent.

Cette compétition de la Nba, en collaboration avec la Fiba, vise aussi à mettre sur le continent une ligue sportive aux standards internationaux, qui permettra le développement des championnats locaux et l’intégration rapide de talentueux joueurs africains dans le circuit international. L’Afrique est un vivier de talents pour la Nba depuis une décennie, avec des programmes de formation qui réussissent bien. Les joueurs originaires du Cameroun, du Nigeria, du Sénégal, de l’Egypte et de la Tunisie commencent à prendre une place de plus en plus importante dans les championnats universitaires et finiront pour beaucoup en Nba. Avoir une ligue où tous ces talents peuvent être présentés à la jeunesse du continent, avant d’éclore sur la scène mondiale, est une occasion inouïe.
L’installation de la Nba Academy à Mbour, depuis quelques années, renseigne du succès de la formation sur le continent africain, avec des programmes bien réputés.

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Les initiatives sont nombreuses pour ce qui est de la gestion des infrastructures sportives au Sénégal, notamment avec le Dakar Arena et le Stade du Président Abdoulaye Wade de Diamniadio, mais l’accueil d’un rendez-vous régulier comme la Bal pourrait contribuer davantage à l’attractivité de notre pays comme destination sportive. Toutes les infrastructures qui sont érigées pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse devront servir de façon efficiente après ce rendez-vous, c’est dès à présent qu’il faut penser à des modèles de fonctionnement pérennes. Plusieurs fois dans les colonnes du Quotidien, des analyses ont abordé des pistes de gestion des infrastructures sportives en présentant des modèles trouvés ailleurs, notamment avec le Naming des stades très présent en Afrique australe et en Afrique du Nord. Entre les bras de fer récurrents de nos fédérations et les organismes chargés de façon provisoire de la gestion de ces infrastructures, il y a de vraies opportunités pour créer de la valeur.

Pour cette nouvelle conférence de la Bal au Sénégal, il est à prier que le public sénégalais vienne en masse supporter les Gabelous qui sont passés tout près de l’exploit l’année dernière à Kigali. Le Dakar Arena avait offert une ambiance folle et électrique, au grand bonheur des amateurs de basket.

Pour cette année, j’espère que les autorités sénégalaises vont récupérer les rebonds en termes d’opportunités, de visibilité et de création de valeurs qu’offre la Bal. Balle au centre, le jeu démarre !
Par Serigne Saliou DIAGNE – saliou.diagne@lequotidien.sn