La Marine nationale a intercepté et arraisonné, à 229 nautiques au large des côtes sénégalaises, un bateau contenant trois tonnes de cocaïne. En un laps de temps très court, les chargements cumulés saisis de cette drogue dangereuse, par nos vaillants marins de la marine  nationale, totalisent la somme astronomique de sept tonnes de cocaïne !

Donc, nous rendons un hommage appuyé et vibrant à l’ensemble des forces de sécurité et de défense car ces opérations conduites avec succès sont le fruit d’actions coordonnées et concertées de plusieurs acteurs nationaux et internationaux.

La récurrence des saisies de drogues au large des côtes sénégalaises appelle plusieurs remarques.

La lutte contre les trafiquants de drogue doit être une action permanente des forces de sécurité et de défense de notre pays.

Elle requiert des dynamiques de coopérations internes et externes sans cesse renouvelées.

Les options d’équipements et d’armements des forces de défense et de sécurité de l’an 2000 à l’année 2023 sont pertinentes , efficaces et elles correspondent aux nécessités de défense du Sénégal qui a, certes, opté pour la démocratie et l’état de droit, en particulier pour le respect de toutes les libertés ; mais il reste intransigeant  pour tout ce qui concerne la défense de  l’intégrité territoriale, de l’unité du pays, de la santé, de la vie et des  biens des populations.

Nous savons que ces choix politiques, économiques et sociaux postulent des élections périodiques. Nous n’ignorons pas, non plus, que durant la période pré et  postélectorale, des délinquants de tout acabit essayent, par tous les moyens, de tirer profit des moments où les acteurs politiques et les Sénégalais, en général, sont engagés passionnément dans le renouvellement de leurs classes dirigeantes. Mais, c’est justement pendant ces périodes de soudure des actions politiques, et même administratives, que les Sénégalais doivent redoubler de vigilance. En effet, cette dernière saisie de la Marine nationale montre une augmentation de 300% des quantités de cocaïne destinées au Sénégal. Ces statistiques prouvent-elles un accroissement des adeptes de la consommation de cocaïne au Sénégal ou signifient-elles que le Sénégal est en train de devenir une plaque tournante du narco trafic ? À ces deux questions, la réponse est probablement : Oui. Le lieu de l’arraisonnement du navire délinquant,  à 229 nautiques au large et les nationalités des membres de l’équipage (un Vénézuélien, un Sénégalais et 5 Bissau-guinéens) tendent à prouver que le navire transportant la substance interdite est un bateau gigogne. C’est probablement un navire de plus grand tonnage, qui a dû faire les transbordements. Les enquêtes de police permettront de trouver les bonnes questions et réponses sur le pavillon du navire, son port d’attache, l’armateur ; et sur le seul Sénégalais, sur les cinq Bissau-guinéens et sur le Vénézuélien à bord. A priori, ces trois nationalités respectives indiquent clairement l’implication de ressortissants sénégalais (sûrement des commanditaires sénégalais, qui ont pignon sur rue) dans ce trafic, elles confirment également la nécessité de surveiller attentivement la Guinée-Bissau, qui est devenue un point de transit d’importantes quantités de cocaïne. Et, enfin, elles pointent le regard sur le Vénézuela comme pays d’origine de la drogue.

Nous faisons confiance aux Forces de sécurité et défense, qui élucideront toutes ces questions.

Pour le moment, l’action urgente des autorités sénégalaises c’est de réprimer sévèrement et de prévenir. Dans une de mes alertes (voir ma contribution parue le 3 Mai 2023 où j’alertais par ces mots : «Des cartels sud-américains vont-ils perturber la campagne présidentielle sénégalaise, en introduisant de grandes quantités de cocaïne au Sénégal pour prendre en otage l’Etat ?»

Les réseaux latino-américains cherchent effectivement à bâtir une plate-forme logistique pour l’acheminement de stupéfiants sur la voie européenne», sur la base de sources d’informations crédibles et recoupées, en particulier sur celles du journal français 20-Minutes, j’avais prévenu que des trafiquants sud-américains et leurs complices africains, sénégalais, en particulier, allaient faire envahir les plages sénégalaises de quantités impressionnantes de cocaïne d’octobre 2023 à fin mai 2024. Il faut dire que les stratégies prévues par les délinquants sont maintenues. Sauf qu’ils n’avaient pas prévu que le Sénégal allait être stabilisé après des mesures énergiques et déterminantes prises par le gouvernement sénégalais quant à la défense nationale. Ces stratégies, élaborées après les émeutes de Mars 2021, reposaient sur la prévision simpliste de dire que le Sénégal était entré définitivement dans l’œil du cyclone et, ce, pour longtemps. Ils se sont trompés sur leur analyse, mais ils n’ont pas renoncé à leur funeste projet. Ce sont les descendants de ces mêmes générations antérieures de délinquants qui avaient inondé le Sénégal de cocaïne (en quantités importantes, mais plus petites que celles de 2023) en 1999 et 2000 en pensant que le pays ne pouvait pas gérer la première alternance politique de son histoire. Ils pensaient que le pays allait être sens dessus dessous. Tout comme ils estiment aujourd’hui que les Sénégalais ne pourront pas gérer la transition économique, sociale et politique en cours. Mal leur en prit. Et ce même mal leur en prendra. Car vingt-trois ans après, le pays de «Ndjiadjane» est toujours debout contre vents et marées. Il résiste encore. L’Etat reste fort. Et les membres des Forces de défenses et de sécurité servent encore avec engagement, loyauté et fidélité la Répu­blique.

Colonel (er) Alioune SECK, Senior Consultant, AC Consultants.
Breveté de l’EMSST, Ecole Militaire, Paris, France, USA Naval Postgraduate School Graduate, Monterey, California, USA.
Auteur du livre « les armées sénégalaises de 1960 à 2022 », Grand officier de l’ordre national du mérite.