Par Malick GAYE (Envoyé spécial à Ouaga) – Son talent force le respect et l’admiration ! Le jury de la catégorie court métrage l’a certifié. A la 27ème édition du Fespaco, le réalisateur sénégalais s’est distingué. Il a remporté, haut la main, le Poulain d’or du meilleur court métrage fiction en plus du Prix spécial Uemoa.

«Nous avons été séduits par le jeu d’acteurs fort d’un film qui met en avant la dignité de la femme, une jeune femme progressiste.» Il a fallu que la délégation sénégalaise entende ces mots de la présidente du jury, Angèle Diabang, pour laisser manifester sa joie au Palais des sports de Ouaga­douou. Ainsi, Moly Kane est béni des dieux ! Le réalisateur a remporté le Poulain d’or dans la catégorie fiction court métrage au Fespaco. Son film Serbi (Les tissus blancs), en plus d’avoir reçu le Prix spécial Uemoa, touche le graal avec cette récompense. «Je suis très ému et content de recevoir le Poulain d’or de Yennenga pour mon Peuple. Jeune que je suis, banlieusard que je suis et Pikinois. Je remercie Abel Aziz Boye et Euzeul Palcy», a confié le réalisateur.
Ce film est d’une actualité brûlante car il dénonce une tradition «hypocrite», qui voudrait que la femme garde sa chasteté jusqu’au mariage. En effet, les parents de Suzanna découvrent qu’elle n’est plus vierge. Ils engagent un long péril pour «réparer» la jeune femme avant la nuit de noces. Entre marabouts, médecins clandestins, elle erre et finit par assumer son statut. Avec sa caméra, Moly Kane montre le diktat absurde de la société sur l’invendu. Suzanna tente d’effacer son passé pour plaire, dans un premier temps, à ses parents, et enfin à la société. Comment compte-t-elle y parvenir ? Voilà une interrogation que le spectateur va découvrir en regardant Serbi.
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