La culture revisitée dans toute sa dimension

Thionck-Essyl ! Un terroir riche d’une certaine tradition d’organisation de manifestations culturelles qui ont un impact réel sur les communautés. Preuve en a été donnée d’ailleurs pendant près d’une semaine à Djiweut-Niaganar avec la cérémonie du «Katinène» qui remonte à la nuit des temps et qui célèbre la femme Kagnalène. Occasion également pour le parrain Ablaye Badji d’exhorter les femmes et les jeunes à cultiver l’unité pour l’intérêt de Thionck-Essyl et du Boulouf.
La femme «kagnalène», c’est la femme qui n’arrive pas à procréer ; la femme dont les bébés meurent à chaque fois après quelque temps d’existence ; voire la femme dont l’espacement des naissances est énorme ; et celle qui ne procréé des enfants qui sont tous, soit de sexe masculin, soit de sexe féminin. C’est dire que dans la tradition diola la position sociale de la femme reste du coup quasiment fonction de sa fécondité. «L’amour qu’on porte à une femme et le prestige dont elle jouit dans notre milieu sont tributaires du nombre d’enfants qu’elle a», confie d’ailleurs Safiétou Niassy du quartier Niaganar à Thionck-Essyl. Et pour qui donner naissance à un enfant, procréer, demeure la raison principale du mariage. Car, ne pas satisfaire une telle exigence peut, martèle-telle, fragiliser un couple et occasionné du coup le divorce. Ainsi à Thionck-Essyl où les communautés ont fait le choix de faire revivre intensément les valeurs culturelles léguées par leurs ancêtres, ce sont quatre femmes «malheureuses», quatre «Kagnalène» qui furent donc arrachées à leurs époux et soumises pendant plusieurs années à des épreuves très rigoureuses par leurs sœurs expertes et gardiennes de la tradition diola qui ont fait le serment de les prendre en charge. Quatre femmes qui ont franchi toutes les étapes contraignantes liées à leurs activités de Kagnalène, qui sont plongées aujourd’hui dans un cycle de procréation ; et qui, du 26 au 30 avril, ont été célébrées par toute une communauté à Djiweut-Niaganar. Et ce, avant leur grand retour au niveau de leurs foyers respectifs et auprès de leurs époux. C’est tout le sens de cette cérémonie dénommée «Katinène» ancrée dans la pure tradition diola ; une manifestation parrainée ce lundi par le ministre-conseiller Ablaye Badji et qui a été ponctuée par une série d’actes culturels et cultuels vivants et vivifiants dont la femme diola a le secret.
Accompagné d’une très forte délégation composée d’élus nationaux, départementaux et d’une quinzaine d’édiles du département, Ablaye Badji assimile son choix par les femmes de Djiweut-Niaganar comme une marque de considération. Le ministre-conseiller a, du coup, saisi cette opportunité pour exhorter les femmes de Thionck-Essyl à garder leur unité. «Que cela ne soit pas une unité de façade mais une unité profonde, sincère pour que cela soit dans l’intérêt de Thionck-Essyl ; et je souhaite également que cette unité puisse se propager au niveau des jeunes qui se sont investis pour la réussite de cette manifestation», a-t-il souligné. En retour les femmes ont prié et demandé au président de la République Macky Sall de renforcer les responsabilités de leur parrain et natif de Niaganar Ablaye Badji au niveau des sphères étatiques.
imane@lequotidien.sn