La victoire des « Lions » qui tabassent les Anglais chez eux en match amical me laisse quand même un goût amer : qu’est-ce qui les empêchait de les battre lors de la dernière coupe du monde et filer vers les sommets mondiaux ? Snif.
Allez, ne faisons pas la fine bouche et savourons la débandade anglaise sur ses terres de Nottingham…

La Tabaski, pardon, les tabascrises, deux cette année, sont derrière nous : les nerfs se remettent progressivement à leurs places pendant que Dakar reste encore pour une semaine une ville normale, le temps que les braves gens partis immoler un mouton à des centaines de kilomètres se remettent de leurs émotions après avoir digéré leur bête à cornes…

Lire la chronique – Une opposition si normale…

Il parait, pour cette fois, que dans certaines maisons, contrairement aux années précédentes, les goinfres — Non, je ne citerai pas de nom ! — ont eu la patience d’attendre que la viande cuise complètement avant de se jeter dessus à grands coups de dents.
Ah, le bonheur de circuler dans des rues presque désertes, sans bouchons, ni coups de klaxons intempestifs, ni motocyclistes qui vous font des bras d’honneur après avoir grillé un feu, chipé votre priorité et slalomé entre les voitures !

Apparemment, il n’y a pas que la Tabaski qui énerve le peuple des 54 % de nos compatriotes et mettrait dans tous leurs états nos nouvelles autorités. L’activisme de Sa Rondeur Macky Sall qui se fait inviter à des rencontres internationales où l’on parle du destin du monde entre décideurs sérieux commence à agacer prodigieusement les pontes du régime « Diomaye môy Sonko ». D’ailleurs, face à la presse, c’est Bassirou Diomaye Faye qui le dévoile : Macky Sall ferait des choses « en dessous »…

Lire la chronique – Les «hommes intègres» et nous…

On n’en saura pas plus. Là, cette semaine, il suffit qu’une sorte de ballon de sonde venu d’on ne sait où, envisage la candidature de l’ancien chef d’État sénégalais au secrétariat général des Nations-Unies, pour que le régime pastéfien déclenche un tir nourri contre cette éventualité.

C’est déjà insupportable que la Fondation Mo Ibrahim le coopte dernièrement pour distribuer les bons points en matière de bonne gouvernance et respect des droits de l’homme, pendant que ses anciens ministres défilent devant le Parquet financier de Dakar.
Bien avant qu’il ne rende les clés du Palais, Emmanuel Macron en fait le VRP d’on ne sait trop quoi qui se soucie de l’avenir de la planète ; une manière subtile de lui garantir une retraite aisée qu’il décide de passer dans son pied-à-terre de Marrakech…

Depuis son départ du pouvoir, Macky Sall sillonne la planète, se fait recevoir par les grands de ce bas monde alors que les autorités sénégalaises actuelles s’échinent à démolir son image : la mal-gouvernance, les prévarications, les quatre-vingts morts et les milliers de « détenus politiques » se ressassent au quotidien, qu’illustrent les emprisonnements de ses proches.

Lire la chronique – L’art de scier la branche sur laquelle on se tient…

Et puis, il y a cette invitation du prince saoudien à rompre avec lui le jeûne en plein ramadan, alors que le Sénégal et l’Arabie saoudite peinent à enterrer l’incident diplomatique créé par la remise en cause d’un chantier gagné par une entreprise saoudienne pour le dessalement de l’eau.
Les autorités sénégalaises devraient prendre le problème par l’autre bout : comment se fait-il que ce soit Macky Sall que l’on invite malgré tout ce qui se dit sur lui par les voix officielles sénégalaises, à la place du président Bassirou Diomaye Faye, ou de son Premier ministre Ousmane Sonko ?
La voix du Sénégal, depuis Léopold Sédar Senghor, est audible sur le continent et même dans le monde. Notre leadership lors de la création de l’OUA ne fait pas l’ombre d’un doute. Deux camps s’affrontent alors, avec d’un côté celui des Sékou Touré et Kwamé Nkrumah, et de l’autre, celui de Senghor. Les « panafricanistes » soutiennent mordicus qu’il faut un État fédéral capable de monter une armée pour bouter du continent les derniers colons. Senghor suggère sagement que les États se construisent et se développent chacun à son rythme pour aller progressivement vers une union continentale.

C’est sa ligne qui triomphe…

Moralité, une République n’a pas besoin de la sympathie de ses voisins, ou de tout autre pays du globe, surtout s’ils ne boxent pas dans la même catégorie : le respect qui lui est dû y suffit largement. Que ce soit sur la cause palestinienne, ou l’apartheid, par exemple, le Sénégal sait depuis toujours se faire entendre et respecter. Mieux, il prend le pli d’abriter des rencontres mondiales, comme le festival mondial des arts nègres, les sommets de l’Oci, de la francophonie, la Can et l’an prochain, croisons les doigts, les Joj.

Lire la chronique – Amadou Bâ devra copier cent fois «anticonstitutionnellement»

Qu’avons-nous à gagner à faire ami-ami avec des pays déstructurés, sous-développés que des tensions déchirent et qui n’arrivent manifestement pas à trouver leurs voies ? Pendant ce temps, le monde du progrès organise ses raouts où la présence du Sénégal ne se fait pas remarquer. C’est plutôt pendant l’investiture d’un ancien putschiste reconverti en civil démocrate aux scores électoraux soviétiques que l’on va glaner des vivats de la foule.

Que lui manque-t-il donc, à ce nouveau régime que l’électorat sénégalais plébiscite, qui devrait donc rester aux avant-postes de la démocratie africaine, pour que ses dignitaires soient courtisés par les grandes capitales de la planète et que les candidatures de nos compatriotes à des postes de prestige dans le monde ne soient plus de tristes pétards mouillés ?
Manifestement, en plus d’une orientation plus que surprenante, la qualité de l’actuelle diplomatie sénégalaise suscite des questions, sinon de l’inquiétude. C’est sans doute, d’abord, une banale question de recalibrage.
Par Ibou FALL