La diplomatie réduite à sa plus petite expression

Erdogan a majestueusement serré la main de Sonko. C’est à croire que l’avenir du Sénégal s’en portera mieux au regard des «analysettes» qui ont suivi l’épisode. Que le Premier ministre soit bien accueilli à Ankara est une chose. S’en égosiller, par contre, relève d’une particulière drôlerie. Vous vous rendez compte ? L’objectif du projet est passé de la rupture coriace à l’allure copieuse. Les retombées escomptées d’un voyage officiel importeront peu dans la logique implacable des effets d’annonce. Complexe d’infériorité ou manque d’ambition ne peut être plus manifeste que de considérer l’hospitalité turque comme élément notoire du bilan gouvernemental.
Dans son discours, Recep Tayyip Erdogan a affirmé avoir évalué les mesures communes qui peuvent être prises dans la lutte contre le terrorisme. Fait-il allusion au mouvement de Fethullah Gülen auquel appartenait le réseau scolaire Yavuz Selim, qui était présent au Sénégal ? Pour rappel, Madiambal Diagne, président du Conseil d’administration, avait demandé, par lettre en date du 16 avril 2024, au président de la République de réparer l’injustice qu’était la «fermeture et la spoliation dont le groupe scolaire Yavuz Sélim S.A. avait été victime» sous Macky Sall et à la demande du gouvernement turc.
Par ailleurs, le départ des militaires français ouvre la voie à une coopération nouvelle en la matière. «L’Afrique de l’Ouest est une région dominée par des problèmes de sécurité», avait dit le Président Bassirou Diomaye Faye à Ankara. D’ailleurs, il avait également affirmé qu’il était nécessaire «de renforcer la coopération dans le domaine de la défense». En effet, Erdogan poursuit sa stratégie ambitieuse et son expansion au-delà du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad.
La dernière rétrocession de la base militaire d’Adji Kossei à N’Djamena, en janvier 2025, signifiait la fin de la présence militaire française au Tchad. Basculement des alliances internationales, un accord avait été signé, par la suite, entre N’Djamena et Ankara, consacrant une base aérienne, un hub militaire pour drones sous assistance turque. Ce n’est pas pour rien que l’ancien ambassadeur sud-africain à Ankara, feu Tom Wheeler, avait déclaré que la Turquie utilisait son soft power pour étendre son influence en Afrique, sans pour autant susciter les réactions négatives auxquelles d’autres pays ont eu droit.
Birame NDIAYE Waltako