La sortie des Usa de l’Unesco le 12 octobre 2017, avec désormais un statut d’observateur, était prévisible depuis que cette institution a admis la Palestine comme Etat membre en 2011. J’avais représenté, en tant que ministre de l’Education nationale et président de la Commission Unesco au niveau national, le gouvernement à  cette importante conférence générale. En 2012, l’Unesco a encore mis, sur la liste du patrimoine,  l’Eglise de la Nativité de Jérusalem. Maintenant que l’Unesco a inscrit (sur présentation de la Palestine) Hébron (tombeau des patriarches pour les Juifs), le retrait d’Israël et des Usa ne tenait plus que sur un fil très mince. Si Mme Clinton était arrivée au pouvoir, il y aurait eu un sursis à cette sortie. Mais l’élection de Trump a précipité les événements.
En tout état de cause, sortis ou pas de l’Unesco, les Usa et Israël ne servaient plus à rien à l’organisation, car ils ne payaient plus leur contribution depuis 2011, soit 30% du budget de l’Unesco qui d’ailleurs, avait réduit depuis lors de 20% son personnel. En plus, quand le comité Mémoire du monde a inscrit en 2015, le massacre de Nanjing (Chine) sur le Registre international, le Japon, 2ème contributeur après les Usa, ne cotise plus. Ce qui fait que l’Unesco a perdu près de 42% de son budget maintenant.
Face aux deux derniers candidats, la Française Mme Audrey Azoulay et le Qatari Hamad bin Abdoulaziz  Al Kawari, il fallait choisir entre l’ancien ministre de la Culture du Qatar dont le pays s’est engagé à combler le gap budgétaire de l’Unesco, mais avec le risque d’éloigner d’autres pays alliés de l’Arabie Saoudite, et l’ancienne ministre de la Culture sous le gouvernement Valls qui est franco-marocaine, de parenté juive, dont le pays a le potentiel de faire revivre l’unité dans l’Unesco et maintenir les fondamentaux de cet important organisme des Nations-Unies né depuis 1946. La France,  en pleine restriction budgétaire, n’a pas certainement les moyens de redressement pour l’Unesco mais osons croire qu’elle puisse créer les synergies nécessaires pour la mobilisation des pays du Golfe et le consensus indispensable dans le respect des idéaux de l’Unesco que son compatriote René Maheu avait dirigée de 1961 à 1974, suivi par le doyen Pr Amadou Moctar Mbow de 1974 à 1987. Mme Azoulay a été la seule parmi la dizaine  de candidats, à venir à Dakar voir le Président Macky Sall durant sa campagne. Son élection est encore une autre victoire de la diplomatie sénégalaise.
Choisie avec 30 voix sur 58 par le Conseil exécutif de l’Unesco, son élection définitive doit être validée par la Conférence générale composée de 195 Etats, le 10 novembre prochain.
Kalidou DIALLO
Président de Adeqet Afrique
Professeur d’histoire moderne et contemporaine, Flsh, Ucad
Ancien ministre de l’Education nationale