Il y a un mois, le 24 février, le Président russe, Vladimir Poutine, faisait entrer les chars de l’Armée russe en Ukraine, après avoir massé un nombre important de troupes aux frontières de l’Ukraine. Cette invasion du territoire ukrainien, a brutalement remis en cause les principes les plus fondamentaux du droit international. Cette agression militaire, non provoquée et injustifiée, constitue une violation flagrante par la Russie, de la Charte des Nations unies qui consacre le principe fondamental de l’indépendance, de l’intégrité et de la souveraineté territoriale d’un Etat. L’Ukraine, quant à elle, est victime de l’agression russe et les actions qu’elle entreprend actuellement sont menées conformément au droit de légitime défense également consacré par la charte.
Cette guerre a des conséquences terribles. La Russie mène des attaques barbares contre des civils, y compris des enfants. Les règles du droit international humanitaire font l’objet de violations particulièrement graves par les troupes russes qui se livrent à des frappes indiscriminées sur des zones urbaines où les risques de tuer des civils sont évidents, y compris sur des hôpitaux et une maternité.
Chaque seconde, un enfant ukrainien rejoint la cohorte malheureuse des réfugiés, au nombre de 3.4 millions aujourd’hui. Dix millions d’Ukrainiens -un quart de la population- ont été forcés de quitter leur maison du jour au lendemain. L’Europe s’est mobilisée dès les premiers jours pour venir en aide à tous les réfugiés, qui ont été accueillis dans les pays voisins, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en République Tchèque, en Slovaquie ou en Moldavie, et qui pour certains ont continué le voyage vers d’autres pays. Cela inclut aussi les non-Ukrainiens, contraints de quitter le pays à cause de la guerre, dont nombre de citoyens africains, notamment des étudiants. Des contacts continus se tiennent à tous niveaux entre Etats membres de l’Ue et autorités ukrainiennes et moldaves pour s’assurer que leur accès au territoire européen est facilité : selon les derniers chiffres de l’Onu, 162 000 citoyens non-ukrainiens, dont un grand nombre de citoyens africains, ont été évacués. Nous partageons les préoccupations des Etats africains sur la situation des leurs ressortissants, victimes eux aussi des conséquences brutales de l’agression russe. De nombreux citoyens européens qui vivaient en Ukraine ont dû fuir cette guerre. Les Etats frontaliers de l’Ukraine se sont organisés pour l’accueil de ces réfugiés sans distinction de nationalité de toute personne fuyant le conflit. La Pologne, qui à elle seule, a accueilli au total plus de 2 millions de réfugiés, s’est montrée, comme tous les autres pays, d’une générosité sans égale envers tous ceux qui fuient la guerre, Ukrainiens comme les autres. Ceux-ci ne s’y trompent pas, qui se tournent vers l’Europe où ils savent qu’ils seront accueillis avec respect et compassion, et non vers la Russie, où pourtant ils pourraient tout aussi bien fuir.
Le conflit en Ukraine n’est pas uniquement un conflit européen. Les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine seront durables et profondes également pour l’ordre mondial dans sa globalité, y compris pour le continent africain. Cette guerre marquera sans nul doute un tournant décisif et induira des changements géopolitiques majeurs, auxquels tous les pays seront confrontés plus ou moins directement.
Dans ce contexte, nous sommes tous la cible des campagnes de désinformation et de manipulation des faits menées, à grande échelle, par la Russie, qui tentent de donner une justification à une guerre qui n’en a aucune et d’inverser les responsabilités. Il est impératif de clarifier les faits et rappeler la responsabilité première et totale de la Russie dans cette guerre. A ce titre, ce ne sont pas les sanctions de l’Ue qui sont responsables de la hausse des prix du blé. C’est l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui est la cause de ce renchérissement des cours, car l’Ukraine ne peut plus exporter son blé, dont elle est l’un des principaux producteurs mondiaux. Les sanctions européennes ne concernent pas le secteur agricole. Nous sommes mobilisés et unis pour dénoncer la propagande russe et vigilants face aux tentatives russes de diviser le monde. Pour autant nous percevons déjà l’impact de cette guerre sur la sécurité alimentaire, en particulier en Afrique, et nous sommes mobilisés pour y répondre.
L’heure est, pour toutes les démocraties, à l’unité et à la fermeté. Stopper cette guerre et endiguer son impact sur la sécurité et l’économie mondiale requiert une mobilisation générale, telle que celle manifestée récemment au sein des instances onusiennes et qui a montré l’isolement de la Russie. La Communauté internationale, Union européenne en tête, s’est mobilisée de manière unie, solidaire et déterminée, pour soutenir l’Ukraine face à cette agression. Des sanctions d’une ampleur inédite ont été adoptées en coopération avec les partenaires et alliés pour briser les capacités du Président Vladimir Poutine à poursuivre ses attaques, avec un seul objectif : la fin de l’agression, le retour à la paix. Ces sanctions ne visent pas le Peuple russe, qui n’a pas décidé de mener cette guerre, mais elles l’affectent inévitablement, tout comme elles nous affectent aussi. Il revient au Président Poutine de mettre fin à cette agression et à ses conséquences.
Très récemment, l’Union européenne et l’Afrique confirmaient leur volonté d’ouvrir une nouvelle page dans leurs relations lors du Sommet Ue-Ua qui s’est tenu les 17-18 février à Bruxelles, pour construire un avenir commun. Aujourd’hui, cette crise en Ukraine nous appelle à mettre en œuvre, ensemble, ce partenariat stratégique entre l’Union européenne et l’Afrique et à défendre, main dans la main, nos objectifs communs de paix, de sécurité et de stabilité, dans le plein respect du droit et des conventions internationales. Par la proximité géographique et les liens historiques qui nous unissent, la sécurité de l’Europe dépend de la sécurité de l’Afrique et inversement. Ensemble, nous pouvons agir. De telles violations, de telles violences n’ont pas de place au XXIème siècle.
Tribune conjointe des Ambassadeurs et Ambassadrices de l’Union européenne et de ses Etats membres représentés au Sénégal