Les échos de sa bruyante déclaration de candidature ne se sont pas encore estompés que Mame Boye Diao s’est déjà mis à écrire son histoire politique balbutiante dans la manipulation. La mise en scène de ses déboires au Stade Abdoulaye Wade, «tiktoktisée» jusqu’à l’écœurement, préfigure les intentions du maire de Kolda de se forger aux yeux de l’opinion, le statut de nouveau martyr. C’est la nouvelle ligne opportuniste de Mame Boye Diao, qui veut se poser en objet de compassion pour tenter d’attendrir les Sénégalais. Et quoi de plus efficace que la stratégie de la victimisation politique. Le maire de Kolda est en train de devenir un cas d’école avec les imprécations larmoyantes qu’il nous a servies dans les coulisses du match Sénégal-Algérie. D’aucuns ont senti remonter à la surface, quelques effluves des recettes «Sonko», sorties tout droit des arrières cuisines pastéfiennes.
Mame Boye Diao se voit déjà en hologramme de Ousmane Sonko, aujourd’hui sous numéro d’écrou à la prison de Sébikotane. Son grand objectif politique reste la décongélation des idées d’un parti aujourd’hui dissous dont il espère conquérir un pan de l’électorat dans le Sud. La renonciation de Macky Sall à une nouvelle mandature a altéré sa stature de Grand commandeur de la République. Placé pendant presque trois ans sous forte pression politique, médiatique de déclamer ses intentions, les faits donnent aujourd’hui raison au chef de l’Etat qui a résisté jusqu’au dernier moment pour rendre publique sa décision de ne pas se représenter. C’était le seul moyen pour lui, de continuer à garder sa posture de chef. Car, à peine sa renonciation annoncée et son sort scellé, que certains parmi ses partisans se sont mis en rupture de camp présidentiel et en rébellion contre les ordres du chef. Certains parmi les plus irrédentistes n’hésitant pas à activer leur mode «accusé Macky Sall, levez-vous» ! Ils sont passés de l’allégeance à la défiance, faisant preuve d’une profonde inélégance vis-à-vis d’un Président qui leur a donné cette formidable opportunité d’avoir été, pendant douze années, au service du Sénégal.
Deux mandatures pendant lesquelles Mame Boye Diao et compagnie ont fait couler du sang beige marron dans leurs veines, incarné les splendeurs et ombres de la majorité présidentielle, mené une vie d’opulence aux frais du contribuable sénégalais. Aujourd’hui, les voilà en train de vouloir engloutir douze années de haute responsabilité dans la gestion du pays, dans un indécent renoncement, au mépris des règles de loyauté. Quant à Mame Boye, lui, a décidé de ne s’en référer qu’à ses prétentions personnelles qui sont un étage au-dessus de ses capacités. Plus question pour lui, d’avoir le brevet présidentiel pour présenter sa candidature à l’élection du 24 février prochain.
Derrière sa stratégie d’affranchissement et d’émancipation de la majorité présidentielle en défiant son chef Macky Sall, il y a surtout ce désir de s’offrir une virginité politique à moindres frais. Oubliant que des candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle, les Sénégalais, et plus particulièrement les jeunes, attendent qu’ils les reconnectent à l’espérance. Mais jusque-là, rien dans le discours de Mame Boye Diao ne laisse poindre le moindre souffle d’espoir pour la jeunesse. Sinon que des incantations. Et quelques semaines après sa déclaration d’intention, on ne voit toujours pas frémir les raisons d’être de sa candidature.
Le choix d’un candidat reste avant tout le choix d’une compétence, d’un parcours et d’un profil. Le style flamboyant et clinquant de l’ex-patron de la Caisse des dépôts et consignations n’est plus en coïncidence avec l’état de l’opinion et du pays. Les Sénégalais sont fatigués. La crise économique est passée par là.
Lorsqu’on est candidat à la magistrature suprême, lorsqu’on veut incarner les Sénégalais, il faut avoir le goût de l’humilité et de la sobriété. On n’étale pas sa richesse. Surtout en ces temps de difficultés économiques.
La vie tapageuse et dispendieuse de ses jeunes enfants, abondamment relayée sur les réseaux sociaux, se mettant en scène au volant de grosses voitures de luxe, expose un style de vie qui disqualifie Mame Boye Diao sur les questions de gouvernance vertueuse. Et ce ne sont pas ses ardeurs moralisatrices qui risquent de lui conférer une posture d’exemplarité. Quelle crédibilité peut-on aujourd’hui lui donner lorsque son côté bling-bling, à faire pâlir de jalousie Ngoye Fall, et la mise en scène appliquée tout en strass et en paillette de son intimité familiale, sont au poste de commande de sa stratégie de conquête d’une opinion qui attend de ses dirigeants, intégrité, sobriété et humilité.
Mame Boye Diao est certes avant tout un homme politique, mais il est en passe de devenir aussi et surtout un mode de vie. Ce qui risque d’être l’angle mort de sa destinée publique.
Nos concitoyens ne sont ni dupes ni naïfs. Ils jugeront sur la force des idées et la capacité de chaque candidat à imaginer le Sénégal de demain. Un Sénégal dont Macky Sall a déjà posé les premiers jalons et que Amadou Ba a promis de continuer.
Le choix du Premier ministre a beau être contesté par certains, et décrit comme «celui de la raison et non du cœur», mais de tous ceux qui sont tentés par l’ambition électorale ou qui rêvent de Palais, il est incontestablement ce qu’il y a de plus accompli et de plus crédible pour incarner la fonction présidentielle. L’homme traîne certes un déficit d’incarnation qu’il lui faudra résorber le plus rapidement pour aller draguer l’électorat jeune.
L’heure n’est plus aux choix politiciens, mais à la désignation d’un homme capable d’incarner la Nation avec l’élégance de pensée du grand serviteur de l’Etat au service exclusif de la République. Un costume aux mensurations de Amadou Ba.
Tout le contraire de Mame Boye qui, pour l’instant, reste un piètre avatar de Sonko. Voire le gérant de la filiale Kolda de l’ex-parti Pastef.
Malick SY
Communicant