Malgré la grève des travailleurs de la santé sur l’ensemble du territoire national, le service minimum a été assuré hier à l’hôpital Abass Ndao, sis à la Gueule Tapée. Autrement dit, le travail ne s’est pas arrêté au niveau des urgences et de la maternité. Par Aliou DIALLO

– Il règne un silence de cathédrale dans les couloirs de la maternité à l’hôpital Abass Ndao. Il est 14h. Pas un seul cri de nouveau-né. L’endroit est désert. Cette ambiance contraste avec celle d’un jour normal où la maternité grouille de monde. A cause de la grève des agents du secteur de la santé, tout est à l’arrêt. En protestation du placement sous mandat de dépôt de 4 sages-femmes pour non-assistance à personne en danger dans l’affaire Astou Sokhna, décédée à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga dans des conditions atroces.
Ailleurs, la grève a été totalement suivie mais à Abass Ndao, le service minimum est assuré. A travers une porte entrouverte, on aperçoit une maman assise sur son lit allaitant son bébé. Les minutes passent. Un homme sort d’un couloir. Habillé en bleu, il égrène son chapelet en psalmodiant sans doute quelques versets de coran. Sa patience dure une éternité. Il attend la délivrance de son épouse, entrée en salle d’accouchement il y a 24h. Ils ont valsé d’hôpital en hôpital avant d’être acceptés à Abass Ndao. Ils ont quitté Hlm Grand-Yoff. «C’est hier (Ndlr avant-hier) que mon épousé a commencé à se tordre de douleurs. Nous l’avons amenée au Samu national. Sur place, on nous a fait savoir qu’il y a grève. Nous avons été orientés vers l’hôpital Philippe Senghor où on nous a informé qu’il n y a plus de lit disponible. A Nabil Choucair, on nous a demandé de faire un examen d’échographie, à réaliser à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff. Au retour, nous avons été envoyés à Abass Ndao, elle a été prise en charge. J’ai vraiment senti la grève ailleurs mais pas ici», raconte l’homme sous le sceau de l’anonymat. Il poursuit ensuite ses va-et-vient incessants. Dans l’ensemble du bâtiment, toutes les portes sont quasiment closes. La plupart des cabines sont vidées de leurs occupants. A l’extérieur, les accompagnatrices font les frais du dictat du vent poussiéreux qui circule à Dakar, en attendant le vent de la décrispation au grand bonheur des malades.