Ce moment d’effroi : après les échanges, les organisateurs décident d’organiser une excursion en mer pour visiter trois sites, à savoir l’aire marine protégée de Gorée, le cimetière des bateaux et le port des hydrocarbures. Tout le monde embarque. Après quelques minutes, leur pirogue se renverse. Des cris fusent pour appeler au secours, surtout que tout va vite et que tout le monde et tous les objets se retrouvent dans les profondeurs : caméras, téléphones portables, lunettes, dictaphones, papiers,  documents. Et aussi les personnes embarquées et l’équipage. Vite l’alerte est lancée. Les maîtres-nageurs ainsi que des personnes présentes, qui savent nager, se jettent à l’eau pour se lancer à la rescousse des journalistes et des techniciens qui les accompagnent. Mba­cké Seck, l’organisateur de l’évènement, plonge aussi pour aller secourir ses invités. Plus de peur que de mal ! Evidemment, il y a des pertes matérielles, surtout que les caméras et les téléphones sont hors d’usage. Mais, il n’y a eu aucun cas de noyade.

Mbacké Seck explique : «Les gilets distribués aux journalistes ont permis d’avoir la totalité des gens en vie. La pirogue a chaviré due à la surcharge. Et les journalistes l’ont vécu. Et cela arrive. Nous avons doté tous les journalistes de gilets de sauvetage.» Sans dédramatiser, M. Seck enchaîne: «Ça a permis aux journalistes de vivre un court instant ce que vivent d’une manière irréversible les victimes de l’émigration clandestine. Les journalistes étaient à 20 m de la plage et avaient tous des gilets de sauvetage. Et tout de suite les gens sont allés pour les secourir. Or, ceux qui sont en mer, pendant plusieurs jours, sans gilets de sauvetage, subissent les affres du climat, la soif, la fatigue, la faim, sans repères.»
Par A. L. MANSARAY – latifmansaray@lequotidien.sn