Ce 5 novembre, les électeurs américains, dans une atmos­phère politique tendue, sont appelés à départager Harris et Trump. Cette confrontation entre ces deux protagonistes aux styles si opposés a plongé ce pays, porte-étendard de la démocratie, dans des violences politiques insoupçonnées.

Cette élection, avec Trump aux portes du pouvoir, est un tournant de civilisation des valeurs occidentales, surtout de démocratie. Ce populiste sans limite aux discours persécutants contre les étrangers et les minorités -il faut expulser les 11 millions d’illégaux du sol américain, a-t-il l’ambition de faire une fois réélu- est l’archétype du danger que représente le populisme pour la démocratie. On l’a entendu récemment déclarer, à la stupéfaction générale, que les chiens des Américains sont mangés par les étrangers. C’est ironique de voir que la plus grande démocratie du monde a accouché cet avatar du populisme. Il y a une grande contradiction, et une leçon qu’il faut saisir.

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La leçon est celle-ci : la démocratie est en déclin. C’est un truisme. Et c’est une tendance irréversible enclenchée depuis que la vague populiste a pris d’assaut l’Europe occidentale, après s’être répandue partout dans le monde. Celle-là -qui est la mère de l’Amérique du Nord, donc des Etats-Unis, dira Senghor- est, avec la menace Trump, dans une période décisive avec sa fille. Les questions humanitaires, climatiques, qui sont pourtant au cœur du devenir de l’humanité, n’intéressent nullement le «populiste-entrepreneur», pour reprendre la classification de Cas Mudde et Cristóbal Rovira Kaltwasser. Il y a le risque de revoir ce «fou» comme timonier du plus grand navire du monde.

Le projet de Trump est clair : il prône l’autoritarisme et l’illibéralisme, sapant ainsi les idéaux et valeurs démocratiques américains. Ce discours, malheureusement, semble trouver une réception favorable chez certains électeurs. Ceux-ci, vraisemblablement, seraient prêts à proclamer le divorce avec la démocratie. C’est tout de même inédit. Du jamais vu.

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Si les Américains élisent à nouveau Trump -ce «showman populiste dont l’obsession narcissique n’a d’égale que son immaturité», écrit Cecil Prieur, dans Le Nouvel Obs-, un message très clair sera envoyé au reste du monde qui continue de tendre vers l’utopie démocratique : «Nous, Américains, qui avons défendu et imposé ce régime politique au reste du monde, avons décidé, maintenant, de l’enterrer définitivement pour épouser le populisme.»

Le chant du cygne, on l’espère, ne sera pas chanté pour la démocratie américaine. Les populistes ne doivent jamais danser à cette funeste musique. D’autant plus qu’une alternative crédible s’offre aux électeurs : Kamala Harris ne s’est jamais lassée, la campagne durant, d’attirer l’attention des Américains sur la menace que constitue Trump pour la démocratie. Progressiste aux positions assumées, cette pionnière, ironie de l’histoire, se présente comme la gardienne de ce qui reste de l’idéal démocratique américain.

Les portes de la démocratie sont constamment tambourinées par les assauts populistes. Ce sont les Etats-Unis, symboles de cet idéal de vivre-ensemble, qui sont dans l’œil du cyclone populiste. Notre pays, lui, en a eu sa dose. Ce sera difficile de l’ingurgiter, celle-là. Mais comme le dit le brillant Hamidou Anne, «on ne négocie pas avec un fasciste, on le combat». C’est aux Américains d’être égoïstes, en préservant d’abord leur démocratie, pour sauver cette si belle manière de faire-communauté-ensemble pour une certaine partie du monde qui continue d’y croire.
Baba DIENG
Etudiant en Science politique
Ugb