La polémique enfle sur la date de libération des «Canistes» : Habib Bèye et Claude Le Roy taclent la Fifa


Le coach rennais Habib Bèye, ex-international sénégalais, et Claude Le Roy, qui a disputé 9 Can, ne comprennent pas pourquoi la libération des joueurs africains pour la Can 2025 a été décalée d’une semaine. Ils n’ont pas raté la Fifa de Gianni Infantino.
Au lieu d’être libérables en début de semaine prochaine pour la Can au Maroc (21 décembre 2025-18 janvier 2026), les internationaux africains ne le seront que la semaine suivante, après la 16e journée de L1 pour les clubs français. Pour le coach rennais et ex-défenseur international sénégalais, Habib Bèye, cette décision de dernière minute, émanant notamment de la Fifa et de la pression des clubs européens, est «incorrecte vis-à-vis des sélectionneurs et fédérations qui sont impliqués dans cette compétition», a-t-il confié à L’Equipe.
«Quand vous avez une date qui est entérinée sur le retour des joueurs en sélection et que vous avez une préparation qui est mise en place avec des fédérations qui ont booké des hôtels, des matchs de préparation, que cette information leur soit donnée aussi tard, pour moi, c’est incorrect, peste-il. Après, aujourd’hui, le coach que je suis est sur la même logique que tous les autres coaches, je les ai jusqu’au 15 (Nagida et Fofana sont concernés pour Rennes, voire Ait Boudlal). Mais il y a une réalité, c’est qu’il faut aussi se positionner de l’autre côté et considérer que c’est une compétition majeure en Afrique.»
Bèye : «On a l’impression qu’on peut bouger cette Can quand on veut, la placer où on veut…»
Et Habib Bèye de poursuivre : «Je ne suis pas surpris de ce qui se passe parce que, en quelque sorte, cette ingérence ou ce côté où on peut impacter cette compétition au dernier moment en pensant que c’est une compétition mineure, ça a déjà existé dans le passé. Comme ancien international, j’ai déjà vécu ce genre de chose où, en fait, on a l’impression qu’on peut bouger cette Can quand on veut, on peut la placer où on veut, on peut donner l’organisation à qui on veut, et ça ne se passe pas ainsi sur les autres fédérations ou sur les autres compétitions internationales.»
Pour l’ancien Lion, «la Can, tout le monde sait qu’elle a été placée là depuis très longtemps. Elle a été bougée pour la Coupe du monde des clubs, et à partir de ce moment, tout le monde savait. Et si nous, on nous avait demandé de libérer nos joueurs le 8, on l’aurait fait le 8. Et on fait partie des clubs qui n’ont mis aucune pression sur aucune Fédération pour garder nos joueurs. Aujourd’hui, ils vont rester jusqu’au 15, on est très contents de les avoir. Mais par contre, si on se place du côté des sélectionneurs et des fédérations, je trouve ça incorrect».
Le Roy : «Infantino fait semblant d’être ami de l’Afrique, en n’ayant pas la moindre parcelle d’estime pour ce continent»
Pour Claude Le Roy, qui a disputé neuf Can avec différentes nations, cette décision «est une honte, encore une fois (le président de la Fifa, Gianni) Infantino fait semblant d’être ami de l’Afrique, en n’ayant pas la moindre parcelle d’estime pour ce continent», dit à l’Afp celui qui a remporté la Can 1988 avec le Cameroun. Avant de poursuivre : «C’est un problème quasiment géopolitique. On n’arrête pas d’entendre de grands discours sur le besoin d’aider le continent africain, mais dans les moments où on pourrait l’aider, on l’agresse, on le torpille, on le ridiculise.»

