Depuis fort longtemps, au Sénégal, les populations élisent des représentants à la tête de leurs territoires, pour assurer l’émergence. Ces derniers, une fois installés, brillent par leur incapacité à dissocier l’intérêt personnel de l’intérêt général. Cette situation de décrépitude politicienne se fait sentir partout dans la gouvernance locale. La gouvernance locale, base de tout développement, constitue l’échec dans la gestion des affaires courantes de la cité, entraînant des dérives majeures, surtout dans le respect des lois, la transparence financière, etc.

En effet, la politique était un sacerdoce, y entraient -avec conviction et détermination-, des personnes chevronnées, aguerries, rompues à la tâche et à fort potentiel à faire bouger les choses. Réinvestir leur savoir-faire, expérience et expertise était une fierté, pour s’engager à servir sa localité et sa communauté. Eu égard à ces considérations précitées, la probité morale et l’honnêteté intellectuelle étaient de mise. Par conséquent, nous comprenons aisément pourquoi tous ne pouvaient pas être politiciens, à l’époque. Les critères étaient très sélectifs, fixés et vissés sur un piédestal de granit solide. Par conséquent, la sélection était naturellement faite. La politique était la terre de performances intellectuelles et de surpassement civique, com­me l’ont fait Lamine Gueye, Léo­pold Sédar Senghor, Mama­dou Dia et Ibrahima Sarr.
Actuellement, la politique a perdu de sa noblesse, pour devenir une sinécure. Elle est désormais un ascenseur social, une voie, à vitesse effarante et aux raccourcis saisissants, de réussite personnelle. S’ouvre ainsi le boulevard de la médiocrité, avec des politiciens fourre-tout qui n’ont, pour exister, que l’insulte, la manipulation, la violence, etc. Cela se traduit, sur le terrain, par les multiples frasques occasionnées par des élus locaux, bref des politiciens tout court. Car pour eux, la compétition politique c’est la terreur, le bain de sang, l’arrogance, l’insouciance, le mensonge et la ruse. Ces éléments constituent le meilleur baromètre de la décadence politique du Sénégal. L’indéracinable propension immodérée pour les magouilles et la facilité révèle un nouveau type de politicien. Visiblement, les temps ont changé de fond en comble. L’heure est à l’inquiétude et obstrue totalement l’étroite bretelle conduisant à l’émergence.
L’émergence -devenue slogan vide et politicien au Sénégal- est l’aboutissement d’un processus, qui requiert une équipe de personnes investies de l’autorité ou de la responsabilité sur une chose à valeur collective. Pour un développement réel des collectivités territoriales dans notre pays, il n’y a pas de secret, il faut une ressource humaine aguerrie à la tâche. Il faut également du travail. Le travail est un feu vivant qui façonne le développement dans chaque localité. C’est pourquoi les dirigeants doivent travailler sur les façons de dynamiser l’efficacité économique, par des projets rentables pour les populations. Il faut des dirigeants qui mettent le travail au cœur de leur préoccupation. Travailler, transformer toute chose, en détruisant d’abord ce qui est là comme une donnée inerte, produire sans cesse en innovant. Travailler veut dire alors travail collectif et usage des forces humaines et de la nature, selon deux formes d’intelligence : l’intelligence technique, commune contrôlant le processus entier de production, et l’intelligence artistique de chacun, multipliant les inventions.
En somme, quel choix, quel type de profil, le Peuple, au niveau local, doit-il promouvoir pour le développement territorial ? Ces élections du 23 janvier 2022 seront-elles celles du choix orienté compétences ou le remake des fourre-tout ? La politique dévoyée dézingue l’émergence des collectivités territoriales et du Sénégal.

Nicolas Silandibithe BASSENE
Coordinateur mouvement Citoyen
Agir Maintenant pour une Emergence Nouvelle
(Amen)