La prévention, le dépistage et l’accès aux soins : enjeux majeurs d’une prise en charge efficace des patients atteints de cancer au Sénégal

La prévention, le dépistage et l’accès aux soins : enjeux majeurs d’une prise en charge efficace des patients atteints de cancer au Sénégal
Année après année, le cancer affecte une part croissante des populations d’Afrique, et le Sénégal ne fait pas figure d’exception. Pour lutter efficacement contre les pathologies cancéreuses, il est crucial de renforcer la prévention ainsi que le dépistage précoce et d’accroître l’accès aux traitements -comme le rappellent ici Dr Fatma Guenoune, présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca), et M. Emmanuel Le Doeuff, directeur des Opérations internationales de Biogaran.
«Priorités de santé publique» selon l’Etat sénégalais, les pathologies cancéreuses étaient responsables en 2020 de plus de 11 000 nouveaux cas et de près de 8000 décès dans le pays. Et le bilan devrait progressivement s’alourdir. En effet, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) prévoit une augmentation de 45% du nombre de nouveaux cas d’ici 2030 : le taux de prévalence devrait alors s’élever à 16 000 nouveaux cas de cancers chaque année et à plus de 11 000 morts par an dans le pays. Notons par ailleurs que certains cancers sont plus fréquents au Sénégal que d’autres : les cancers du col de l’utérus, du sein, de la prostate et du foie figurent en tête des pathologies cancéreuses les plus communes dans le pays .
Si cette hausse peut s’expliquer par des facteurs structurels liés aux modes de vie contemporains , il demeure impératif de mettre en place des stratégies pour renforcer l’efficacité de la lutte. Comment faire ? Prévenir, dépister et soigner à l’aide de traitements de qualité et accessibles. Ces actions impliquent de suivre le patient tout au long du parcours de soins et de renforcer la collaboration entre pouvoirs publics et acteurs de santé -organisations non gouvernementales, professionnels de la santé et partenaires privés.
Prenons par exemple le cas du cancer du col de l’utérus. A lui seul, il était responsable de 17, 1% des nouveaux cas de cancer en 2020 et de 16, 6% des décès dus à des pathologies cancéreuses au Sénégal1. Il existe néanmoins un moyen de le prévenir : le vaccin contre le Virus du papillome humain (Vph). A ce titre, le Sénégal est devenu le premier pays d’Afrique de l’Ouest à introduire le vaccin contre le cancer du col de l’utérus dans son programme de vaccination systématique en 2018 , permettant ainsi à des centaines de milliers de jeunes filles âgées de neuf ans et plus de se faire vacciner gratuitement, et donc de réduire le risque de contracter ce cancer. Une belle avancée en matière de prévention. D’autres actions de ce type doivent néanmoins être instaurées grâce au concours des acteurs des secteurs public et privé pour sensibiliser les populations aux comportements à adopter pour prévenir l’apparition des cancers.
Si la prévention est une première solution, le dépistage précoce des cancers constitue également un élément indispensable pour lutter efficacement contre les pathologies cancéreuses. Rappelons tout d’abord que le manque de sensibilisation sur les dépistages est l’une des raisons pour lesquelles la plupart des cas de cancer sont détectés à un stade avancé, lorsque le traitement est plus compliqué. C’est ce qu’a d’ailleurs rappelé le ministère de la Santé et de l’action sociale lors d’un Forum de sensibilisation des organisations de femmes sur la vaccination contre le cancer du col de l’utérus tenu en décembre 2022 . A cette occasion, Mme la ministre a rappelé que le cancer du col de l’utérus est la première cause de décès liés aux cancers chez les femmes âgées de 15 à 44 ans au Sénégal, et c’est souvent dû à un diagnostic tardif ou avancé dans 60 à 80% des cas5. Il conviendrait alors de démultiplier les campagnes de dépistage pour diagnostiquer les cancers à un stade précoce, de sensibiliser les populations à l’importance d’effectuer des bilans réguliers chez leur médecin et d’encourager les acteurs des secteurs public et privé à travailler ensemble pour développer des supports de sensibilisation à destination des populations les moins informées.
Lorsque les dépistages permettent de diagnostiquer un nouveau cas de cancer, les patients doivent avoir la possibilité de se soigner avec des traitements de qualité, mais à des coûts accessibles. Sur ce point, il est crucial que les pouvoirs publics et les autres acteurs de la santé travaillent ensemble pour offrir la palette de traitements la plus large et la plus adaptée aux patients du Sénégal. En ce sens, l’Etat sénégalais a déjà permis une avancée majeure : l’instauration de la gratuité du traitement de chimiothérapie pour les cancers du sein et du col de l’utérus, ainsi que la réduction de 60% du coût de traitement des autres cancers, ou encore l’augmentation de 500 millions de francs Cfa des subventions dédiées à la chimiothérapie qui ont contribué à faciliter l’accès d’un plus grand nombre de patients aux traitements .
Néanmoins, les acteurs du secteur privé et plus particulièrement les laboratoires de médicaments génériques doivent aussi prendre leur part à l’effort. Il leur incombe en effet de proposer une large gamme de traitements de qualité répondant aux standards internationaux les plus exigeants et aux enjeux de santé du pays, tout en restant à la portée du portefeuille des patients du Sénégal et ce sur l’ensemble du territoire.
C’est l’engagement que poursuit Biogaran depuis plus de 3 ans, date de son implantation dans le pays. Dès 2020, le laboratoire a entrepris de proposer une gamme de médicaments génériques de qualité permettant de soigner plusieurs pathologies comme l’hypertension artérielle, les infections, le diabète, mais aussi les cancers dont celui du sein, de la prostate ou encore les cancers colorectal et gastrique. Ces médicaments, fabriqués à 91% en Europe et à 51% en France, sont proposés à des prix justes et accessibles pour les patients du Sénégal.
Si nous avons mis en exergue trois solutions : prévenir, dépister, soigner, notons que les organisations de la Société civile, comme la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca), ont pour vocation de jouer un rôle sur chacun de ces leviers et que leur mission sera renforcée par l’aide de partenaires privés. A titre d’exemple, une donation de médicaments oncologiques avait été effectuée en 2021 par le laboratoire Biogaran à la Lisca, en présence de Sem Macky Sall, et avait permis à l’organisation de redistribuer ces médicaments gratuitement aux patients atteints de cancer. Une action qui illustre la capacité de coopération de l’ensemble des acteurs et partenaires de santé du Sénégal, pour une prise en charge efficace des patients.
Ce n’est qu’ainsi, avec l’action immédiate et coordonnée de toutes les parties prenantes -pouvoirs publics, organisations non gouvernementales, professionnels de la santé et acteurs du secteur privé- que nous pourrons lutter efficacement contre ces pathologies qui font peser un lourd fardeau sanitaire, social et économique sur le Sénégal, comme partout en Afrique.
Dr Fatma GUENOUNE
Présidente de la Ligue Sénégalaise contre le Cancer (Lisca)
Emmanuel LE DOEUFF
Directeur des Opérations Internationales de Biogaran