La réduction du train de vie de l’Etat est au cœur du débat citoyen malgré les manœuvres post-rapport de la Cour des comptes

Le discours est le même partout : l’Etat doit réduire son train de vie.
L’impact est tellement large que les autorités elles-mêmes sont dans l’obligation d’entonner le même refrain.
En réfléchissant sérieusement, on se pose la question de savoir à quel moment, entre la campagne électorale présidentielle, la prise du pouvoir et l’exercice du pouvoir, elles se sont rendu compte que le niveau d’endettement de notre pays était à 100%, qu’il n’y avait plus de marge de manœuvre pour l’Etat et qu’il va falloir aller vers un Ajustement ? Le mot est du Secrétaire général gouvernement.
Je vais essayer d’épiloguer avec vous autour de cette question pour tenter de comprendre ce que nous prépare le tandem Sonko/Diomaye, car la chose qui est maintenant claire est qu’ils ont un agenda bien pensé dans leurs laboratoires secrets, qu’ils sont en train de dérouler.
Durant 10 ans (de la création de son parti à la prise du pouvoir), Sonko avait réussi à marteler dans la conscience de beaucoup de Sénégalais, particulièrement la jeunesse désœuvrée et impatiente, que le Sénégal avait suffisamment de ressources pour satisfaire aux besoins de ses populations, mais ceux qui nous dirigeaient étaient non seulement incapables (Tiouné), mais, plus grave, étaient des voleurs et se partageaient les richesses du pays pendant que le Peuple trimait.
Ce discours s’est intensifié avec la campagne électorale présidentielle durant laquelle il est même allé jusqu’à promettre des allocations financières aux sans-emploi.
Ensuite, vint la victoire, l’installation du nouveau régime, la formation d’un gouvernement, l’organisation des Assises de la Justice, les mouvements d’affectation au niveau de la police et de la gendarmerie, la suppression à grande pompe du Hcct et du Cese, la nomination de directeurs au niveau des agences qui étaient programmées pour être supprimées, la nomination de plus de quarante chargés de mission sans bureau ni mission, payés à ne rien faire.
La dissolution de l’Assemblée nationale s’en est suivie sous le prétexte du manque de collaboration des députés de l’ancienne majorité.
Le Conseil constitutionnel, déjà saisi, donna ses décisions qui seront tranquillement et secrètement mises au tiroir au moment où le parti Pastef se préparait à des Legislatives anticipées sans concertation avec les acteurs politiques.
Victoire législative acquise, démarrage des combats de revanche politique avec l’éviction honteuse de Barthélemy Dias de l’Assemblée nationale et de la mairie de Dakar.
Avant cela et avec une parfaite synchronisation, on enfermait les activistes comme Bah Diakhaté Kalamoul Hakh (pour ne citer que ce dernier) et tous ceux qui osaient dire la vérité aux Sénégalais. Des sorties du territoire furent refusées à d’honnêtes Sénégalais et sans aucune raison.
La presse fut ciblée pour être muselée, les opposants comme Lat Diop traqués.
Les maires qui avaient dignement refusé de s’aligner au projet furent sur le collimateur de MIMI, et l’honorable Farba Ngom, à la surprise générale, fut la première victime de cette reddition des comptes ressemblant à un règlement de comptes.
Nous en sommes maintenant à l’étape de la certification des comptes prédite par le chef du projet pour jeter l’ancien régime à la vindicte populaire.
La veille de la convocation de l’honorable député Farba Ngom fut choisie pour publier les conclusions du rapport de la Cour des comptes.
Dès le lendemain, commença la campagne de presse officielle avec l’organisation d’un point de presse du gouvernement, suivi du passage du Secrétaire général du gouvernement à la Rts avec Oumar Ngingue de l’émission Point de vue. Le désormais célèbre Al Aminou, malgré tout ce qu’il avait dit avant (les fameux Var foisonnent sur le net) annonça les fortes couleurs : naufrage collectif si les syndicats continuent de revendiquer des acquis, réduction des hauts salaires par je ne sais quelle alchimie (ce qui donne raison au Pit-Sénégal et à M. Samba Sy, son Secrétaire général, qui avait alerté jusqu’à recevoir des menaces du gouvernement), arrêt des subventions de certaines catégories sociales, paiment généralisé des impôts avec notamment l’impôt domanial, etc.
Autant de mesures pour suppléer à l’absence d’un financement sur fonds extérieurs.
Les travailleurs sont clairs : l’Etat n’a qu’à se débrouiller car on les a élus pour améliorer le quotidien des Sénégalais, pas pour annoncer des lendemains incertains.
Pour conclure, car c’est déjà trop long, je dirais que tout ça est orchestra, et depuis 2014, année de la création du parti Pastef.
Ousmane Sonko et ses amis du Syndicat des Impôts et domains, et d’autres cadres dans l’Administration connaissaient très bien la situation macroéconomique du Sénégal, mais l’essentiel pour eux était d’accéder au pouvoir, et par tous les moyens.
Une fois au pouvoir, ils se sont servis et ont servi leurs ouailles pour stabiliser la tension politique au sein de leur camp, pour venir maintenant jouer les pompiers en désignant l’ancien régime responsable de la situation d’endettement et de banqueroute de notre pays, ce qui ne les a pas empêchés de continuer à s’endetter, de payer les salaires des fonctionnaires, d’augmenter le train de vie de l’Etat déjà élevé à leur arrivée, de maintenir les fonds et privilèges de l’Etat.
Comment dans un tel contexte peuvent-ils s’attendre à ce que les pauvres travailleurs et le Peuple déjà à genoux se sacrifient ?
Notre confrère Mouhamadou Madana Kane a raison de dire que nous allons vers des lendemains troubles car le parti Pastef n’a pas de solutions pour nous sortir de la situation actuelle (Tfm matin).
Le Pit a également raison de s’interroger : où va le Sénégal ?
Idrissa SYLLA
Pit-Sénégal New York
idrissasylla902@gmail.com