Tankatu dàll,
taamukat ndimo, ci caras ak piisu wiise lay mujjee.
Lu la ay fen jox, dêgg di na ko foqati li mu yàgg-yàgg

Est-il vrai, comme l’indique la tournure des événements politico-politiciens à l’Assemblée nationale ces derniers jours, que mon pays, le beau pays de Senghor, marche la tête en bas et les pieds en l’air ? Dois-je penser que ma République, celle du Sénégal, est devenue subitement la République de véreux politiciens professionnels, de saltimbanques auto-proclamés gourous infaillibles, de tocards sans base électorale réelle, de heimatlos à la double nationalité, de charognards vils, de méprisables tonneaux vides et calculateurs ?

Pourtant, l’adage populaire «waxi politicien jarul door sa doom» aurait dû nous alerter : on ne peut pas laisser la vie ou même la survie de notre Nation entre les mains de piètres politiciens fieffés menteurs, de cyniques manipulateurs à souhait et de sordides comploteurs éhontés.

Nous les avons trop laissés faire ; et la théâtralisation de l’espace public (ils l’ont réussie) pollue nos rapports avec notre belle et professionnelle Administration, avec notre brave et honnête Magistrature, et avec toutes nos élégantes institutions.

Aujourd’hui, le Sénégal marche sur la tête : les menteurs sont les mieux écoutés, les mieux respectés et les plus adulés. Leur opposer la vérité peut même nous exposer à tous les dangers, à toutes les agressions morales comme physiques. Et les moins téméraires (presque tout le monde) se sont rangés, telle l’autruche qui enfouie sa tête pour fuir ou pour ne plus voir le péril qui guette son existence.

On est républicain ou on ne l’est en rien. Chaque fois qu’un de ces boucaniers ouvre la bouche, c’est pour dresser l’opinion publique, la partie la plus radicale, la plus incrédule et la plus sceptique des citoyens, cantre les hauts fonctionnaires de l’Administration, contre l’olympe de notre Magistrature et contre la sève nourricière de nos Forces de sécurité et de défense. Et le tout, aidé en cela par des chroniqueurs écervelés et corrompus, par de soi-disant spécialistes partisans, lâches et haineux. Diantre, que veut-on faire de notre pays ? Pour faire écrouler à jamais les fondations de notre Nation, de notre République et de notre Etat, on ne peut trouver meilleure voie.

Pour les beaux yeux de Karim aux deux nationalités avérées, on secoue les fondations de l’Etat, quitte à le déraciner : même la menace visible et obvie d’une crise institutionnelle (qui peut aboutir au pire) ne fait pas reculer cette horde d’aventuriers sans aucun sens du patriotisme. La survie d’un parti politique exsangue et déphasé, et de son candidat fantôme passe-t-elle avant tout, avant même le Sénégal que nous chérissons (sic).

Le Pds doit s’en prendre à lui-même, car un aussi grand parti ne peut s’arcbouter sur un candidat qui ne lui voue aucun respect. Celui qui pense à réellement diriger le Sénégal doit au moins en respecter les lois, se conformer aux exigences de l’exclusivité de la nationalité. Personne ne dit que Karim n’est pas Sénégalais ; seulement le fils de Wade ne l’était pas exclusivement au moment du dépôt de son attestation sur l’honneur. Doit-on fermer les yeux sur un parjure aussi flagrant ?

A écouter le vacarme médiatique infructueux (dafa war a leer, dit-on) qui accompagne le soi-disant à-propos de la commission parlementaire accouchée si promptement par notre législature schizophrène, on se croirait en plein cauchemar. Sur quelle tête cherche-t-on des poux ? Sur deux des «Sages» du Conseil constitutionnel garant des opérations électorales alors que la Présidentielle est dans trois semaines ?

Cette Présidentielle se tiendra à date échue, car le Gardien de la Constitution l’a dit et répété : sa parole est sacrée (tous les républicains doivent l’aider à la respecter) et le processus suit normalement son cours. N’en déplaise aux manipulateurs et aux vendeurs d’illusions.

Manipulateurs sont ceux-là qui crient au scandale alors qu’en termes de popularité, ils ne sont pas capables de remplir un «car rapide» avec des militants avérés. Ceux-là, le Conseil constitutionnel a-t-il besoin de leur voler des parrainages alors qu’ils n’en ont pas et n’en auront jamais ? De quoi ont-ils été spoliés pour mobiliser autant l’attention de l’opinion publique que l’on cherche à braquer contre l’Administration et la Magistrature de ce pays ?

La promptitude avec laquelle ils rallient un certain camp qu’ils pensent suffisamment armé pour succéder au Président sortant, montre à suffisance leur perfidie : ils attendent comme des charognards affutés à la vue d’un cadavre d’éléphant pourrissant, leur part du gâteau Sénégal à l’heure de la redistribution des prébendes et autres stations étatiques tant espérées.

Le populisme des autres a ouvert une plaie béante dans le tissu social : des agents de l’Administration portent aujourd’hui des bracelets, exhibant fièrement leur appartenance politique. Parfois, ils s’empressent de faire fuiter des informations pensant faire mal au parti au pouvoir et du bien à leur camp. Ainsi, ils deviennent des héros dans les réseaux sociaux et chez des chroniqueurs amoraux pour qui, le traitre à la Nation, la taupe qui trahit son Administration et son pays, le félon qui brûle la sacralité du droit de réserve, est une icône et un brave lanceur d’alerte.

Je vous assure que le seigneurial Bruno Diatta, illustre parmi les grands commis de l’Etat, doit se retourner dans sa tombe chaque fois que le Capitaine Touré ou un de ses semblables fait une simple apparition publique.

Ce pays est agressé par un discours fétide et abject, un discours populiste aux relents destructeurs de la cohésion sociale, de l’harmonie et de la paix interindividuelles. On vend du vent aux plus démunis, aux plus vulnérables, un «projet» qui ne dit pas son nom. Ce fameux «projet» est porté par une horde de loups affamés de pouvoir, capables de brûler le pays, de disloquer familles, clans, tribus et ethnies pour arriver à ses fins. Ils sont aidés en cela par des journalistes, des chroniqueurs, des universitaires, des agents de l’Administration, des hommes en tenue, et pire, par des hommes de la société dite civile qui portent uniquement de la haine dans leur poitrine pour une personne que Dieu a fini d’honorer.

Pour un sinistre projet» dont personne ne peut expliquer clairement la teneur ni ne veut en assumer la responsabilité des futures omelettes cassées sur le dos du Peuple, on se bouscule comme mouche sur un tas d’immondices pourries. On classe le Peuple en deux entités : celle des patriotes et celle des vendus au régime en place. Dans ce pays, «un anti-système» fait face à un «système». Les uns -cités en premiers- constituant la bonne graine de ce pays, et les autres -cités en second-, l’ivraie dont il faut se débarrasser au plus vite. Certains bombent le torse et se disent «anti-système» sans être capable de nous définir scientifiquement ce qu’est le «système» qu’ils disent combattre.

Je sais seulement que chaque fois qu’il y a un nouveau régime (comme ils s’y attendent présentement et à tort), il sera toujours obligé de s’adosser à un «système» pour gouverner. Ce simple discours creux, insipide et populiste sur le «système», vaut-il que l’on permette à des incultes, des immatures, des esprits vides et tortueux, d’occuper notre quotidien qu’ils essaient de façonner à leur goût, à leur soif de pouvoir ? Faut-il alors et tout simplement remplacer un «système» qui les a nourris jusqu’ici par un autre «système» qui va les anoblir, espèrent-ils ?

Mon pays va mal : le pays de Senghor, de Cheikh Anta Diop, de Dia Mamadou, de Valdiodio Ndiaye est à terre. Il est maintenant à écouter un vulgaire bagnard, du fond de sa cellule de prison pour affaires liées aux avantages d’une gamine, lui indiquer par «ndigêl» audiovisuel, le candidat idéal pour l’exercice de la fonction suprême de chef de l’Etat. Pourquoi sommes-nous tombés si bas ?
Il temps de se réveiller, un Etat est sacré ; il est une chose sérieuse. On ne confie pas son avenir à une marionnette entre les mains d’un gourou imbu de lui-même.

Pour ma part, je préfère me fier à mes certitudes du moment (et elles sont encourageantes pour l’avenir), plutôt que de tenter le diable, le diable d’un burlesque tâtonnement destructeur de mains inexpertes qui n’ont jamais rien réussi dans ce pays.
Ku mêsul jiité ci jàkk, du yootu besu aljuma
Amadou FALL
IEE à Guinguinéo
zemaria64@yahoo.fr