Ce n’est pas la journaliste qui analyse, mais bien la politiste. En ce qui concerne cette troisième alternance, en phase avec la Cinquième République, j’ai observé une rupture essentielle : la position républicaine, démocratique et responsable de la nouvelle opposition. Depuis l’accession du tandem Diomaye-Sonko au pouvoir, une opposition s’est affirmée, privilégiant un débat d’idées sain, contradictoire et respectueux au sein de l’espace politique et médiatique. Cette opposition appelle sans cesse à la responsabilisation et au respect des institutions politiques et judiciaires. Malgré certaines contestations, elle fait preuve de retenue et d’une certaine maîtrise. Le charme de la démocratie réside dans la diversité des opinions et des désaccords, des éléments que tous les acteurs doivent respecter et intégrer pleinement. L’opposition actuelle prône l’unité, propose des solutions concrètes et incite souvent le gouvernement à se tourner vers les compétences disponibles pour résoudre les maux des Sénégalais.

L’opposition selon Weber et Dahl
Max Weber et Robert Dahl ont tous deux souligné l’importance de l’opposition dans une démocratie. Selon Weber, l’opposition ne doit pas se limiter à critiquer le gouvernement, mais également proposer des alternatives concrètes pour améliorer les politiques publiques. Il soutient que la démocratie repose sur un équilibre entre un gouvernement et une opposition constructive, respectueuse des institutions. Pour lui, l’opposition doit s’inscrire dans une éthique de responsabilité, où chaque action est mesurée en fonction de ses conséquences sur la stabilité et l’intérêt général. De son côté, Robert Dahl, dans sa théorie de la «polyarchie», insiste sur le fait que l’opposition est essentielle dans un système démocratique pluraliste. Elle doit non seulement contester les actions du gouvernement, mais aussi offrir des solutions alternatives aux problèmes sociaux et économiques. Il considère que l’opposition est un moteur du changement social et doit être protégée par les libertés civiles pour pouvoir jouer pleinement son rôle.

L’opposition, une question de dignité, de courage et de constance
Etre opposant ne se limite pas à un positionnement conjoncturel. C’est un engagement qui exige dignité, courage et constance dans ses principes et son idéologie. Ce sont ces valeurs qui permettent de rester fidèle à ses convictions et d’éviter la transhumance politique, devenue une pratique opportuniste au détriment de la cohérence et de l’intérêt général. L’opposition ne doit pas être un simple tremplin vers le pouvoir, mais un véritable engagement pour la démocratie et le bien commun. A la nouvelle opposition, il est crucial de rester sur cette lancée afin de relever le niveau du débat et la qualité de sa présence. Qu’elle se rappelle que les hommes passent, mais les institutions demeurent.
Bon Ramadan à tous !
Ramatoulaye SECK
Juriste Politiste